L'unité est le noyau de l'Odyssée, elle regroupe les chants V à XIII. Ces 9 chants constituent une alternance de récits et de discours dans laquelle les discours sont tout de même en grande majorité.
Ces 9 chants peuvent être classés en deux parties. Tout d'abord, les chants V et XIII encadrent l'unité puisqu'ils relatent le départ d'Ulysse de chez Calypso et son arrivée douloureuse en Phéacie d'une part, et son retour à Ithaque d'autre part.
Il délimite ainsi le séjour du héros en Phéacie, que l'on classera dans la seconde partie, dans lequel Ulysse raconte une à une ses aventures:
- les Cicones et les Lotophages
- l'intrusion chez Polyphème
- le passage chez le roi Éole et les Lestrygons
- le séjour chez Circé
- le voyage aux Enfers
- le retour chez Circé
- les monstres, cad les sirènes puis Charybde et Scylla
- et enfin le malheur de l'Île du Trident.
Néanmoins ces 7 chants présentent eux aussi des particularités différentes qui nous permettent de les ranger en deux groupes.
- Les chants VI à VIII sont le récit de la réception phéacienne. Ils narrent la rencontre avec Nausicaa, les jeux à l'agora et la victoire d'Ulysse au lancer de disque, la fête d'accueil, les nombreux dons qui lui sont faits ainsi que les chants émouvants de Démodocos qui lui feront avouer son identité, raconter son passé et retarder son départ.
- Les chants IX à XII sont les récits des périples d'Ulysse.
B. Le chant XI, hétérogène à l'unité
L'ensemble des chants V à XIII garde une grande unité de temps, de lieu et d'action. Si ce n'est l'exception du chant XI.
En effet le chant XI est le récit de la descente aux Enfers d'Ulysse. Cependant Circé avait plutôt parlé d' « évocation des morts ». Or, il semble qu'Ulysse soit en réalité entré dans leur royaume sous terrestre: en effet sa mère Anticlée lui conseille aux vers 223-224: « Allons! Empresse-toi vers la lumière, et tout cela, retiens-le pour le répéter plus tard à ton épouse ! ». A sa suite défile le cortège de femmes, du vers 235 « Je vis en premier lieu la princesse Tyro » au vers 332. Le récit est alors interrompu par une intervention enthousiasmée des Phéaciens qui se délectent du récit héroïque, par exemple vers 335 « Ils étaient sous le charme en l'ombre de la salle ». Ulysse reprend son récit, évoquant alors le défilé des héros: « une autre âme survient, celle d'Agamemnon l'Atride » vers 387, « Ô Achille, fils de Pélée » v378, « l'âme d'Ajax » v543, ou encore « je vis alors Minos » v568. (...)
[...] Cette minutie est fortement significative puisqu'elle prend le dessus sur la réalité. On peut affirmer que les aventures d'Ulysse ne tiennent qu'à la manière dont-elles sont racontés: le discours fait par le héros devient alors la seule réalité. C'est la victoire de la diégèsis sur la mimésis, c'est-à-dire de la narration sur la représentation. La parole seule peut donc donner un sens à la réalité. Le discours n'en reste cependant pas moins constitué de narrations et de descriptions. Cela se prouve d'abord: - par la description des lieux comme la Phéacie au chant VII les ports, les vaisseaux balancés, les place des héros, les grand et hauts remparts, etc. [...]
[...] En effet, ce dernier est fortement loué par Ulysse dans deux passages, ce qui ne semble pas anodin: - de tous les hommes de la terre, les aèdes méritent les honneurs et le respect vers 479 Démodocos, entre tous les mortels, je te salue! vers 487 ou encore tu chantes avec un grand art le sort des grecs vers 489. Ce succès est amplement justifié dans la mesure où l'aède tient son talent des dieux: la Muse le pressa de chanter la gloire des Hommes Sa parole se veut donc sacrée et la simple narration du combat et de la mort des Grecs leur rend gloire. [...]
[...] Chant IX, vers 408- 409 Mais si la mètis remplace l'usage de la force, la parole, elle, remplace celle de l'action. Et ce particulièrement dans les chants IX à XII, c'est-à-dire au sein même des récits d'Ulysse en Phéacie. Cette méticulosité oratoire est sans nul doute un moyen d'attendrir les Phéaciens et de s'assurer leur aide, elle joue donc un rôle majeur dans le retour du héros dans sa patrie. Le style direct d'Ulysse dénonce ses malheurs mais annonce aussi ses valeurs, lesquelles sont un atout de séduction indéniable dans l'Antiquité. [...]
[...] - Quant à l'éloignement du combat, il est fortement traduit par l'utopie du royaume d'Alcinoos: il n'est pas de meilleure vie que lorsque la gaieté règne dans tout le peuple [ ] Assis en rang, les tables devant eux chargées de viande et de pain vers 2 à 11 du chant IX. Par cette mise en abîme, l'unité rappelle à la fois au lecteur auditeur les qualités et les dangers de son discours. L'étymologie de Démodocos, celui qui instruit le peuple n'est donc pas anodine. C. La métrique La versification se veut une des caractéristiques premières de l'oralité. Cette technique fait également l'originalité de l'unité. Le vers grec utilisé par Homère est l'hexamètre dactylique, initialement composé de 6 mesures. [...]
[...] Il délimite ainsi le séjour du héros en Phéacie, que l'on classera dans la seconde partie, dans lequel Ulysse raconte une à une ses aventures: - les Cicones et les Lotophages - l'intrusion chez Polyphème - le passage chez le roi Éole et les Lestrygons - le séjour chez Circé - le voyage aux Enfers - le retour chez Circé - les monstres, cad les sirènes puis Charybde et Scylla - et enfin le malheur de l'Île du Trident. Néanmoins ces 7 chants présentent eux aussi des particularités différentes qui nous permettent de les ranger en deux groupes. [...]
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