Histoire des oracles, La dent d'or, Bernard Le Bovier de Fontenelle, Horstius, université de Helmstad, apologue, moralistes, Pascal, La Rochefoucauld
-Essai dans lequel Fontenelle met en évidence les comportements irrationnels des hommes qu'entraînent l'ignorance et la croyance superstitieuse.
-Publié à la fin du 17ème siècle, cet essai annonce le développement d'une démarche expérimentale qui sera reprise par les philosophes du 18ème siècle: observer avant d'interpréter.
-« En ces sortes de feintes , il faut instruire et plaire » (La Fontaine, « Le Lion et le pâtre »)
[...] Fontenelle s'adresse à chacun, y compris à lui- même. Assurons-nous bien du fait, avant de nous inquiéter de la cause > Fontenelle prône l'observation avant l'interprétation, la vérification de l'authenticité d'un fait avant de s'interroger sur la cause de celui-ci + présence du pronoms personnel de la 1ère personne du pluriel nous cherche à obtenir l'adhésion du lecteur Il est vrai que cette méthode est bien lente [ ] mais [la tournure impersonnelle du raisonnement concessif + conjonction adversative] > admet en partie des arguments de la thèse adverse avant de leur opposer d'autres arguments de sa thèse nous éviterons le ridicule > mise en valeur de l'utilité de cette démarche fondée sur la Raison écrivit (Horstitius) en écrit (Rullandus) écrit (Ingolstetetus) réplique (Rullandus)/ avait été dit [accumulation de verbes liés à une démarche scripturale] qui s'oppose à l'eut examinée [ ] trouva (l'orfèvre) > critique une démarche à priori qui est antérieure à l'expérience, ne se fonde pas sur des données d'expérience) et préconise une démarche fondée sur la méthode expérimentale (=l'expérience) Dernier paragraphe : l'humour laisse place au sérieux -Paragraphe basée sur un raisonnement inductif (l'induction se propose de chercher des lois générales à partir de l'observation de faits particuliers) 3 phrases = 3 étapes du raisonnement Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières > l'erreur de méthode commise par le pseudo-savants se produit en réalité dans bien d'autres domaines généralisation) (ex : religion, morale, politique, science ) Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison [pronom personnel et pronom possessif de la 1ère personne du pluriel] > l'auteur partage cette faiblesse humaine [parallélisme syntaxique] pour mettre en opposition 2 formes d'ignorance : l'ignorance qui est pardonnable : ne pas connaître les causes de ce qui existe (la science est à ses débuts et beaucoup de choses reste encore inexpliqués) l'ignorance qui est impardonnable : cherchez les causes de ce qui n'existent pas ou de ce dont on n'est pas sûr= la croyance en de fausses vérités due à l'orgueil et la précipitation Cela veut dire que > volonté de préciser sa pensée pour éclairer le lecteur nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai [tournure négative]> l'auteur reconnaît que l'homme est pluis facilement conduit vers le faux que vers le vrai Fontenelle a une vision pessimiste de l'homme et de ses capacités de raisonnement (en cela il est plus un homme du 17ème que du 18ème siècle) nous [pronom personnel de la 1ère personne du pluriel] > il reconnaît qu'il a lui aussi des difficultés à lutter contre ce défaut mais à la différence avec les faux-savants, il a conscience de ses limites et s'afforce de les surmonter. [...]
[...] Il ne manquait autre chose à tant de beaux ouvrages, sinon qu'il fût vrai que la dent était d'or. Quand un orfèvre l'eut examinée, il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse ; mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre[4]. Rien n'est plus naturel que d'en faire autant sur toutes sortes de matières. Je ne suis pas si convaincu de notre ignorance par les choses qui sont, et dont la raison nous est inconnue, que par celles qui ne sont point, et dont nous trouvons la raison. [...]
[...] 8-17 le dénouement : Quand un orfèvre l'eut examinée la situation finale : il se trouva que c'était une feuille d'or appliquée à la dent avec beaucoup d'adresse II. UNE CRITIQUE DES METHODES APPROXIMATIVES DES PSEUDO-SCIENTIFIQUES A. UNE SATIRE DES FAUX-SAVANTS ET DE L'EXPLOITATION POPULAIRE DE LA SUPERSTITION courent passent par-dessus aussitôt [adverbe] > Champ lexical de la précipitation, le ridicule d'avoir trouvé la cause de ce qui n'est point > démarche qui est tournée en dérision par la tournure négative + renforcé par le terme péjoratif ridicule Ce malheur [terme péjoratif] > démarche dangereuse prétendit [modalisateur] > intervention du narrateur pour provoquer l'esprit critique du lecteur le bruit courut > verbe qui fait écho à celui du 1er paragraphe qui désignait la démarche des pseudos-scientifiques courent Horstius Rullandus Ingolstetetus Libavius [accumulation de noms de savants latinisés] > onomastique qui connote le savoir mais empreint ici d'une tonalité satirique professeur en médecine dans l'université de Helmstad historiens autre savant [termes mélioratifs] + un orfèvre : décalage ironique entre l'abondance des érudits et la présence d'une seule personne pour découvrir la supercherie [article indéfini singulier] décalage ironique entre le grand déploiement d'activités intellectuelles des personnalités éminentes et la présence d'un artisan non érudit -décalage ironique entre la profusion des propositions qui occupent la majeure partie de l'histoire, et la brièveté de la découverte de la supercherie par l'orfèvre présenté dans une seule proposition -explication religieuse d'un savant : la dent est envoyée de Dieu ce dont se moque Fontenelle en prenant le lecteur à témoin pour attirer son attention sur le ridicule de cette explication figurez-vous mais on commença par faire des livres, et puis on consulta l'orfèvre > incohérence chronologique qui souligne l'absurdité de la méthode de ces pseudos-scientifiques + valeur péjorative du pronom personnel indéfini on contre le sentiment y ajoute son sentiment particulier [terme lié à l'affectivité] > critique d'une démarche basée sur l'affectif (opposé au domaine scientifique) afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens [locution conjonctive qui marque le but]> l'intention a valeur d'opportunisme et non plus une valeur scientifique ramasse tout ce qui avait été dit de la dent [verbe à connotation péjorative + adjectif indéfini totalisant] > critique les pseudos- scientifiques qui se contente de compiler ce que les autres ont déjà écrit. [...]
[...] Cela veut dire que non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux. Introduction -Essai dans lequel Fontenelle met en évidence les comportements irrationnels des hommes qu'entraînent l'ignorance et la croyance superstitieuse. -Publié à la fin du 17ème siècle, cet essai annonce le développement d'une démarche expérimentale qui sera reprise par les philosophes du 18ème siècle : observer avant d'interpréter. En ces sortes de feintes[5], il faut instruire et plaire (La Fontaine, Le Lion et le pâtre Problématique : En quoi le choix de l'apologue sert-il le dessein de l'auteur ? [...]
[...] Horstius, professeur en médecine dans l'université de Helmstad, écrivit en 1595 l'histoire de cette dent, et prétendit qu'elle était en partie naturelle, en partie miraculeuse, et qu'elle avait été envoyée de Dieu à cet enfant pour consoler les chrétiens affligés par les Turcs. Figurez-vous quelle consolation, et quel rapport de cette dent aux chrétiens ni aux Turcs. En la même année, afin que cette dent d'or ne manquât pas d'historiens, Rullandus en écrit encore l'histoire. Deux ans après, Ingolstetetus, autre savant, écrit contre le sentiment que Rullandus avait de la dent d'or, et Rullandus fait aussitôt une belle et docte[2] réplique. [...]
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