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Pierre et Jean ont un jour dit : « Le but du romancier n'est pas seulement de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais aussi de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements ». L'extrait suivant est empreint du roman Histoire du fils, écrit par Marie-Hélène Lafon, et paru en 2020. Le passage se situe au chapitre 4 du livre : « vendredi 17 août 1934 ». Ce texte aborde la filiation, la vie d'une famille recomposée ainsi que les secrets associés, dans un registre réaliste. Cela provoque alors chez le lecteur un sentiment familier et de compassion qui le pousse à comprendre le sens profond des événements ainsi que le sens caché des pensées d'un jeune garçon. Du haut de ses 10 ans, André Léoty, fils de Gabrielle Léoty, grandit sans connaître son père et avec une mère absente. En effet, il vit au côté de sa tante Hélène et son oncle Léon à Figeac, commune française, en région Occitanie.
[...] Il croit ne pas avoir accès aux mêmes choses que les autres enfants sous prétexte qu'il n'a pas de père. Dans la phrase « Père inconnu, fils inconnu », on peut voir une ressemblance à la célèbre expression « tel père, tel fils », dans cette reformulation, nous pouvons voir une asyndète qui montre l'absence de liaison entre ces deux hommes. On peut penser que cette reformulation à été faite pour montrer qu'André n'est pas comme tout le monde. « Il croit comprendre que la dame du catéchisme et le curé, qu'il connait, [ ne doivent pas être très à l'aise avec les fils de pères inconnus », cette phrase peut être vue comme une critique de la société. [...]
[...] A travers ses mots, on peut voir qu'André se rabaisse beaucoup, il a une vision de lui très péjorative due à l'exclusion et à la solitude qui lui pèsent. Il est dur de grandir dans une famille avec des secrets, mais il l'est encore plus de se construire sans. L'ignorance qu'André a de son père lui renvoie un nombre de questions angoissantes sur son identité, mais aussi l'idée difficile que son père ne connait pas son existence. Si son père ne connait pas son fils, comment pourrait-il se connaître lui-même ? De nombreux verbes montrent qu'André cherche désespérément quelque chose, il n'a pas confiance en lui. [...]
[...] Le point de vue omniscient de ce passage nous permet de voir la succession d'idées qui se trouve dans sa tête. « Les pensées qui ne vous lâchent pas, creusent un trou dans le ventre et serrent la poitrine », André personnifie ses pensées, ce qui donne une certaine innocence à la phrase et rappelle qu'André n'est encore qu'un enfant. De plus, la double hyperbole intensifie sa douleur et témoigne que ses pensées voudraient s'exprimer ; André aimerait parler de ses doutes à quelqu'un mais il n'a personne auprès de qui le faire. [...]
[...] On peut même s'imaginer que sa mère lui suffit car, au moment où il pourrait connaître enfin son père, avoir les réponses à ses questions et commencer à comprendre, il ne saute pas le pas. Le désir de savoir est là, mais la réalité est plus complexe. Il s'empêche de penser. L'attachement à l'autre se construit habituellement au travers des expériences vécues ensemble et ici, elles sont manquantes. André n'a pas spécialement envie de bouleverser sa situation familiale déjà bancale. [...]
[...] Par ailleurs, son âge et son prénom sont répétés à de multiples reprises « André Léoty, dix ans » comme pour se rappeler de qui il est, comme il n'est pas un fils, il n'est pas un frère, il est au moins quelque chose ; il est André. C'est parce qu'un enfant est perçu – et se sent aimé – par ses parents comme et unique qu'il peut se construire comme tel, accepter sa singularité et prendre conscience de sa valeur. [...]
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