Hippolyte, Robert Garnier, vers 1259 à 1290, explication linéaire, Phèdre
Dans l'Hippolyte de Garnier, Phèdre est au centre d'un double conflit tragique: les infidélités de Thésée et surtout son amour incestueux pour son beau-fils Hippolyte. Pour échapper à ce dernier conflit, elle a tout d'abord paru choisir la mort ; mais sa nourrice, effrayée par cette éventualité, est parvenue à lui faire accepter, plutôt que la mort, d'assouvir cet amour qu'elle se propose même de favoriser (fin de l'acte II). Au début de l'acte III, après un nouvel échange lyrique sur l'amour entre Phèdre et la Nourrice, survient Hippolyte ; la Nourrice demande alors à Phèdre de se retirer pour lui permettre d'attendrir celui qui est présenté depuis le début de la pièce comme un être très farouche. Une première fois, elle l'invite à profiter des plaisirs de l'amour, mais Hippolyte lui oppose longuement son amour de la solitude et de la nature ainsi que son dégoût de la civilisation. Comme la Nourrice revient à la charge avec le même argumentaire, Hippolyte se lance dans l'expression franche et directe d'une misogynie profonde.
[...] La Nourrice le laisse s'emporter se contentant très habilement de lui opposer régulièrement des objections pour le placer dans l'embarras. Il peut donc sembler intéressant de voir ici comment le discours d'Hippolyte sur les femmes est discrédité à la fois par ses excès, mais aussi par la présence et les répliques ironiques de la Nourrice. LECTURE LA COMPOSITION : (dramaturgique) Le passage est un dialogue entre Hippolyte et la Nourrice dont le volume est apparemment inégal : aux longues répliques d'Hippolyte (12 et 10 vers) s'opposent les répliques courtes de la Nourrice. [...]
[...] (attention : vers 1276 qui a peu = qui a pu ) b-Réponse d'Hippolyte (vers 1277-1286) Dans sa première partie (vers 1277-1281), elle sonne comme un aveu de défaite : d'une part Hippolyte ne répond pas vraiment à la Nourrice et à la place exprime une détestation généralisée des femmes dont il admet ne pas savoir la raison je ne sçay pourquoi c'est -v.1277- ; Soit raison, soit fureur, soit tout ce qu‘on voudra -v.1279- il admet d‘ailleurs ici que la fureur, c'est-à-dire la folie, puisse expliquer son sentiment). D'autre part, il quitte l'argumentation pour en revenir à l'injure, dont il avait déjà fait preuve aux vers 1263-1266, ce qui marque une régression dans son discours. Là encore, la violence et l'excès discréditent Hippolyte : toutes je les deteste ; je les ay en horreur plus que je n'ay (en horreur( la peste (propos évidemment déraisonnable) ; jamais de les aimer vouloir ne me prendra (prophétie absolue : jamais). [...]
[...] *vers1267-1274 : Ce passage est le seul moment de notre extrait que nous pouvons qualifier d'argumentatif même si le ton d'Hippolyte y demeure très véhément. Celui-ci invoque la responsabilité des femmes dans la ruine de cités (vers 1267-1270) puis d'Empires (vers 1271-1272), avant de prendre Médée comme exemple de la malignité féminine ; son argumentation progresse donc en force par un passage de la cité à l'empire, puis de femmes historiques à une femme mythologique, connue pour sa monstruosité. * Les cités : avec un style frénétique, Hippolyte évoque des ruines dues aux lubricitez (v. [...]
[...] (plan du texte) Ce sont les trois courtes répliques de la Nourrice qui organisent le texte en trois mouvements argumentatifs : - Première réplique de la Nourrice (de notre extrait) (vers 1259-1262) ( invitation à l'amour en termes galants de la Nourrice à Hippolyte. - Réponse d'Hippolyte en deux temps : (tout d'abord rejet injurieux de la femme (vers 1263-1266) (puis développement sur les malheurs dus aux femmes dans l'histoire (vers 1267-1274) ; cette sous-partie est elle-même divisible en deux moments : -destructions de cités et d'empires (vers 1267-1272) -exemple de Médée (vers 1273-1274) -Deuxième réplique de la Nourrice (vers 1275-1276) : En opposition à ce que vient de dire Hippolyte, objection de simple raison de la Nourrice : pourquoi généraliser ? [...]
[...] On note aussi une certaine familiarité frequentez-moy la ville qui atténue l'impératif ; de même, le fait que chaque expression de l'ordre est accompagnée d'un terme positif cordage amoureux (v.1259) ; heureux (v.1260) ; une amie -v.1261-) contribue au même effet. La Nourrice semble gentiment utiliser l'autorité que lui confère son sexe, son statut de nourrice et son âge, pour convaincre Hippolyte en douceur. Dans le même ordre d'idée, son discours est émaillé de termes galants qui visent à présenter l'amour sous un jour agréable : images du cordage amoureux (v.1259) et de la cueillette des doux fruits (v.1262) de l'amour. [...]
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