Le sonnet s'ouvre sur une référence mythique à Ulysse, qui est une figure centrale de <em>L'Odyssée</em> d'Homère. Cette allusion est évidemment fort méliorative, Ulysse étant de fait un personnage héroïque, victorieux, emblématique, rusé, auquel le poète va ensuite se comparer. Notons qu'Ulysse était un grand voyageur : il mettra d'ailleurs 10 ans à rejoindre son Ithaque natale ! (...)
[...] Notons qu'Ulysse était un grand voyageur : il mettra d'ailleurs 10 ans à rejoindre son Ithaque natale ! Cette référence révèle au passage une certaine familiarité avec l'œuvre d'Homère (d'ailleurs, les humanistes étaient férus, pétris de culture grecque et latine). Le périple d'Ulysse est résumé en deux termes, dans une sorte d'ellipse, de raccourci puissant, qui est mis en lumière en fin de vers : beau voyage L'adjectif heureux ouvre le poème, le terme est donc puissamment mis en valeur. S'ensuit une double comparaison (avec Ulysse, et Jason) qui s'étire sur les vers 1 et 2. [...]
[...] De fait, Du Bellay chante, exprime ses sentiments les plus intimes, et avant tout sa nostalgie, sa douleur, dans une plainte tout à fait élégiaque, comme l'atteste par exemple l'emploi de l'interjection lyrique hélas en milieu de vers et placé en incise, ce qui le met en valeur. Notons que le substantif village est qualifié d'un adjectif à fortes connotations affectives : petit d'autant plus la présence du possessif mon montre à quel point le poète y est viscéralement attaché. [...]
[...] Plus me plaist le séjour qu'ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaist l'ardoise fine ; Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur Angevine. * Abréviations : v : vers * EXPLICATION Introduction Du Bellay est un poète du XVIe siècle ; il est l'auteur de sonnets remarquables, en particulier les recueils L'Olive, Les Antiquités de Rome et bien sûr Les célèbres Regrets, dont est extrait ce sonnet. Du Bellay séjourne à Rome de 1553 à 1557. [...]
[...] On constate ainsi une sorte de hiatus entre d'une part la situation du poète, qui est à Rome quand il écrit ces vers et l'emploi du futur simple quand il s'interroge sur la date de son retour, et d'autre part l'importance capitale du chez-soi, exprimée notamment avec l'emploi du présent d'énonciation qui m'est Les termes cheminée et clos aux v 6 et connotent une certaine intimité, une certaine familiarité, celle du foyer, ce qui est tout sauf le cas à Rome III/ Les tercets s'avèrent construits sur une anaphore qui rythme le texte, avec le comparatif de supériorité plus que La syntaxe habituelle se trouve modifiée : l'adverbe comparatif plus se situe en effet en tête de vers, ce qui le met évidemment encore davantage en valeur et n'est donc pas anodin. Le comparatif de supériorité permet ainsi de témoigner puissamment de la préférence du poète, et donc de sa propre subjectivité : il exprime ici des sentiments intimes, quoi qu'il faille se méfier, toujours, d'une stricte équivalence entre le je et le poète je est un autre disait justement Rimbaud Du Bellay se trouve ici dans la stricte lignée des Tristes d'Ovide. La subjectivité est également présente dans des expressions comme me plaît aux vers 9 et 11. [...]
[...] Cette série de contrastes souligne par conséquent avec force l'intensité de la nostalgie du poète. * Conclusion Ainsi, dans ce sonnet, Du Bellay mobilise toutes les ressources de son art pour peindre, avec un lyrisme aux accents relativement plaintifs et pathétiques, sa nostalgie et valoriser son pays natal. Ce registre élégiaque contraste largement avec le registre satirique qui s'épanouit dans quantité d'autres sonnets de Du Bellay, comme le fameux Marcher d'un grave pas (sonnet qui témoigne ironiquement de son irritation face aux mœurs corrompues des courtisans. [...]
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