L'extrait proposé est tiré du cinquième et dernier acte d'Hernani, intitulé « La Noce » : ce titre annonciateur de bonheur marque le moment du drame où le destin fatal qui poursuivait Hernani depuis le début de la pièce aurait pu ne plus se manifester. En effet, le début du cinquième acte se caractérise par une explosion de bonheur : Hernani et Dona Sol, voyant leur amour se concrétiser, pensent être au comble de la félicité. Et ils le sont, mais pour une courte durée seulement : dans la troisième scène, Hernani entend le son du cor, symbole de son serment qui le lie à Don Ruy Gomez, qu'il a prononcé à la fin du troisième acte : en échange de son hospitalité qui aurait pu lui coûter la vie, Hernani s'engage à lui donner la sienne.
Ce passage soulève la question suivante : comment le dialogue des amants exprime-t-il le poids de la fatalité qui vient, une nouvelle fois, s'abattre sur eux ?
[...] En effet, une des caractéristiques d'Hernani, c'est que la fatalité ne le quitte jamais. Ce constat, cette prise de conscience commandent son deuxième aparté Eloignons là qui confirme sa première décision de préserver Dona Sol. Sa décision s'affermit au point qu'il réclame son flacon contenant du poison à Dona Sol, sans toutefois être parfaitement explicite quant à son contenu ; il ne s'agit que d'un élixir vague qui le guérira de son mal : cette logique d'atténuation de la réalité vise là encore à préserver celle qu'il aime, Dona Sol, qui à présent manifeste moins de désarroi qu'au début de l'extrait et qui est prête à tout pour le soulager : Jy vais, monseigneur Conclusion Ainsi donc, le dialogue des amants exprime le poids de la fatalité par la terreur et la pitié, pour reprendre les caractéristiques de la tragédie selon Aristote mais en les appliquant ici aux protagonistes eux-mêmes : leur terreur se manifeste par des exclamations, des interrogations angoissées, des hallucinations et leur pitié se marque, pour Hernani, par sa volonté d'épargner Dona Sol, et, dans le cas de celle-ci, par son dévouement prêt à toutes les extrémités pour secourir celui qu'elle aime. [...]
[...] Don Ruy, ici, incarne la figure du Commandeur, qui revient des morts pour rappeler un serment, mais, contrairement à celui de Molière, le Commandeur représentant l'honneur castillan est profondément négatif, porteur de valeurs morales inversées : ce n'est plus du Ciel qu'il vient, mais il appartient à l'Enfer, comme le suggère ténèbres Cette hallucination de Hernani, qui lui fait voir un être que Dona Sol n'entrevoit même pas, est la marque du degré extrême de sa terreur. Ces propos sibyllins prononcés par Hernani accentuent d'autant plus l'incompréhension de Dona Sol, qui redouble de questions, portant à la fois sur l'état mental d'Hernani Où vous égarez-vous ? et sur l'identité de ce mystérieux vieillard Qu'est-ce que ce vieillard ? Hernani, totalement hanté par sa vision, ne répond pas à la première question et n'apporte aucun élément d'éclaircissement quant à la seconde, se contentant de répéter, comme une idée fixe : Le vieillard ! [...]
[...] "Hernani", Victor Hugo - acte scène 3 "Qu'avez-vous ? ( ) J'y vais, monseigneur" Introduction L'extrait proposé est tiré du cinquième et dernier acte d'Hernani, intitulé La Noce : ce titre annonciateur de bonheur marque le moment du drame où le destin fatal qui poursuivait Hernani depuis le début de la pièce aurait pu ne plus se manifester. En effet, le début du cinquième acte se caractérise par une explosion de bonheur : Hernani et Dona Sol, voyant leur amour se concrétiser, pensent être au comble de la félicité. [...]
[...] Ainsi Hernani fait-il semblant de ne plus savoir de quoi il parlait, augmentant du même coup l'incompréhension de Dona Sol Vous avez dit v. 1997). Hernani, pour apaiser ses craintes, minimise son problème en le rendant quasi insignifiant Je souffre un peu, vois-tu et emploie un ton protecteur, presque paternel, pour la rassurer N'en prends pas d'épouvante On voit là encore tout l'amour d'Hernani : c'est pour ne pas inquiéter Dona Sol qu'il parvient, en un effort quasi surhumain, à surmonter, en apparence du moins, sa terreur qui pourtant était très forte. [...]
[...] Son aparté est déjà le signe d'un plus grand contrôle de lui-même, puisqu'il suppose de n'être pas pris totalement dans le feu de l'action mais au contraire d'observer un minimum de distance par rapport à celle-ci. Epargnons là exprime le caractère résolu de sa décision de ne rien lui révéler, et aussi toute la générosité de son amour pour Dona Sol, qu'il veut préserver, ne pas mêler à son fatal destin. D'une certaine façon, l'aparté d'Hernani, c'est-à-dire le fait qu'il s'exprime seul, est déjà manifeste de cette exclusion. [...]
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