Hernani, préface, Victor Hugo, censure, liberté théâtrale, public, dramaturgie, Corneille, Molière, dimension démiurgique, défense du drame, libéralisme littéraire
Une préface fait partie du paratexte et permet d'orienter la lecture ; elle peut être contemporaine de l'oeuvre et ne pas être forcément rédigée par l'auteur. Elle fait connaître les objectifs de l'ouvrage, répond à des objections ou des critiques. Les préfaces des pièces de théâtre, ou avertissements offrent aux dramaturges la possibilité d'approfondir des sujets de leurs oeuvres restés sans développement.
[...] La préface permet ainsi la défense du drame et du public. La censure Hugo souligne également la différence entre Hernani tel qu'il a été représenté et tel qu'il était écrit au départ ; il tient la censure pour responsable de cet écart. Après avoir défendu le public, il accuse cette inquisition de l'esprit , qui se présente désormais comme le seul obstacle à la liberté théâtrale. Cette mise en cause virulente s'inscrit dans un registre polémique. Hernani aurait survécu à la torture, à la peine de mort, et serait un symbole de résistance et d'opposition à des interdits injustes et contraignants. [...]
[...] La préface évoque le libéralisme littéraire, le progrès du drame romantique et de son public, les abus de la censure ainsi que l'œuvre à venir de Victor Hugo. Il ne faut cependant pas oublier que cette préface a été rédigée par l'auteur de l'œuvre qu'elle introduit et qu'elle peut donc participer à son encensement en accentuant les faits ou en déformant la réalité. En effet, lorsqu'il revient sur la victoire de Hernani, Hugo oublie de préciser qu'elle fût loin d'être unanime, et il fait preuve de mauvaise foi quand il affirme que la censure est la cause de toutes les modifications qui ont été apportées au livre alors qu'il s'est lui-même beaucoup autocensuré. [...]
[...] Elles peuvent s'étendre sur des dizaines de pages, comme la plus connue des préfaces de Victor Hugo, celle de Cromwell. La préface d'Hernani est plus courte, mais présente de nombreux enjeux. Datée du 9 mars 1830, à savoir quelques jours après la première de la pièce, elle était inévitable compte tenu du contexte tendu des représentations de Hernani et de sa bataille . Que peut-on retenir de la préface de Hernani ? La préface s'inscrit dans une perspective argumentative, Hugo évoque notamment dans ce plaidoyer le libéralisme littéraire, le public et la censure. [...]
[...] Libéralisme littéraire La préface d'Hernani est introduite par une autocitation. Hugo, après avoir explicité qu'il est l'auteur de ce drame , recopie les propos qu'il avait écrits dans sa Lettre-Préface aux éditeurs des poésies de Charles Dovalle suite à la mort du jeune poète. Cette citation s'étend sur plus d'un tiers de la préface et permet à Hugo d'y déplorer la disparition prématurée de Charles Dovalle tout en affirmant qu'il est légitime d'envier le repos des disparus. L'auteur évoque en effet les trahisons et calomnies qu'ont à subir les hommes de lettres, ingratitude et les viles machinations de police auxquels ils doivent faire face. [...]
[...] Il prédit finalement, grâce à ce parallèle entre art et politique, la naissance d'une littérature nouvelle, révolutionnaire à l'image de Mirabeau et de Napoléon. La préface présente donc la valorisation du libéralisme littéraire. Le public Hugo évoque ensuite les progrès du drame romantique et la victoire de Hernani face au mépris du public classique au Théâtre-Français. Selon lui, ce succès confirme la thèse du libéralisme littéraire qu'il a illustré précédemment. Il souligne surtout la liberté voulue par le public, à qui il confère une dimension démiurgique. [...]
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