"Un hémisphère dans une chevelure", in Petits poèmes en prose de Baudelaire

Résumé du document

Baudelaire, poète célèbre pour son recueil Les Fleurs du Mal (1857), choisit de rédiger Petits Poèmes en Prose où il espère prouver que l'écriture en prose peut tout autant être qualifiée de poétique que l'écriture versifiée traditionnelle. Ainsi, le poème XVII "Un hémisphère dans une chevelure" est une réécriture du poème versifié "Chevelure" qui figure dans le recueil Les Fleurs du Mal.

Nous allons étudier ce texte en nous demandant : comment ce texte est-il une poésie en prose qui rend compte du voyage sensuel opéré par l'auteur qui la respire et un hommage à la chevelure féminine ? Nous verrons d'abord que le poème est bien une poésie en prose, puis nous montrerons qu'il reprend la vocation traditionnelle du poème lyrique et de l'hommage à la beauté. Enfin nous analyserons comment ce texte décrit un voyage à la fois sensuel et exotique.

Extraits

[...] Ainsi, le poème XVII Un hémisphère dans une chevelure est une réécriture du poème versifié Chevelure qui figure dans le recueil Les Fleurs du Mal. Nous allons étudier ce texte en nous demandant : Comment ce texte est-il une poésie en prose qui rend compte du voyage sensuel opéré par l'auteur qui la respire et un hommage à la chevelure féminine ? Nous verrons d'abord que le poème est bien une poésie en prose puis nous montrerons qu'il reprend la vocation traditionnelle du poème lyrique et de l'hommage à la beauté, enfin nous analyserons comment ce texte décrit un voyage à la fois sensuel et exotique. [...]

[...] On relève également la comparaison avec un mouchoir : les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant où le terme mouchoir désigne l'objet que l'on agitait autrefois pour parfumer l'atmosphère et aussi pour dire adieu lors d'un voyage. Par ailleurs, on relève les métaphores qui associent les cheveux à un océan en jouant sur leur extrême longueur et en donnant ainsi l'image d'une immensité dont les boucles rappellent les vagues. Enfin la métaphore du feu : l'ardent foyer de ta chevelure rapproche les cheveux des flammes, sans doute par la forme des mèches qui rejoignent les flammes et aussi par l'idée de chaleur dégagée par cette masse de cheveux. [...]

[...] On peut aussi remarquer que ce texte délivre les thèmes chers à l'auteur : beauté féminine, exotisme, voyage, imagination, exaltation des sens. Le fait que l'auteur se sente obligé de réécrire un premier poème prouve aussi qu'il cherche sans cesse à améliorer son style et à le diversifier en tentant de nouvelles expériences d'écriture. D'autre part, la reprise des thèmes clés de son œuvre souligne qu'il existe véritablement un univers et une vision du bonheur baudelairien qui rendent ses poèmes reconnaissables entre tous. [...]

[...] qui instaurent un rythme ternaire qui accentue la louange déjà délivrée par l'énumération répétée tout Le lyrisme est aussi appuyé par les effets de répétition et les sonorités où l'on distingue des allitérations en laisse-moi», longtemps l'odeur l'air la l'espace des allitérations en des assonances en et qui forment toutes des sonorités douces rappelant la douceur des cheveux. De plus, on relève l'allusion aux caresses qui fait directement référence à la douceur des cheveux et aux jeux érotiques de caresses avec les cheveux. En outre, on constate des comparaisons et des métaphores positives. Ainsi, les cheveux sont comparés à une source : y plonger mon visage, comme un homme altéré dans une source ce qui indique que le poète ne peut se passer de ces cheveux, il les désire comme un homme assoiffé désire de boire. [...]

[...] Les cheveux sont associés à l'image d'un trésor grâce au verbe contiennent et à la répétition de l'expression dans de ta chevelure qui devient comme un refrain dans les caresses de ta chevelure dans l'océan de ta chevelure dans l'ardent foyer de ta chevelure On voit donc bien que le chevelure est un support et l'on relève de même la comparaison : mon âme voyage sur ton parfum comme l'âme des autres hommes sur la musique où Baudelaire établit le parallèle entre le phénomène d'évasion que procure habituellement la musique aux autres hommes et l'évasion que lui procure le parfum des cheveux. Il s'agit d'une correspondance baudelairienne qui associe ici l'élément immatériel de la musique et du rêve. On note que l'association des cheveux à la mer permet à l'auteur d'introduire l'idée du voyage grâce à l'image du bateau. [...]