a) Un décor métallique mais coloré
Le vers 2 dresse le décor parisien des berges de la Seine : l'architecture moderne de la "tour Eiffel" (v.2) renvoie aux structures métalliques des "hangars de Port Aviation" (v.6). La "sirène"(v.19), la "cloche"(v.20), les "plaques"(v.22), les "enseignes" (v.21) précisent ce décor de "rue industrielle" (v.23). Même le soleil "clairon" (v.16) est métallique.
A ce gris métallique, le poète joint des couleurs plus criardes au travers d'objets colorés tels que "les prospectus les catalogues les affiches" (v.11) et "les perroquets" (v.22). Ces couleurs évoquent peut-être celles des images des illustrateurs Dufy et Delaunay que fréquentait Apollinaire.
b) Une rue bruyante
Le décor urbain est dessiné à travers une rue célèbre : la rue Guersant, qui unit le quartier d'affaires de l'Etoile au faubourg industriel de Levallois Perret, symbole de vie moderne.
Les bruits évoqués sont à la fois agressifs et séduisants, parfois ambigus : le troupeau des ponts "bêle" (v.2) - serait-ce le bruit des moteurs ? -, "les prospectus" "chantent tout haut" (v.11) faisant allusion aux cris des vendeurs de "journaux" (v.12). Ils correspondent aux sons caractéristiques d'une zone industrielle d'où le titre Zone. Les bruits ressortent des images et se mêlent aux couleurs pour décrire un monde grouillant (...)
[...] Sa hauteur lui permet de dominer, elle représente l'avant- gardisme. Les "ponts" (v.2) évoquent la communication donc les échanges donc le commerce moderne. Pour Apollinaire, le monde moderne est une bonne chose mais il ne faut pas pour autant en perdre sa foi. Paradoxalement, il n'est pas favorable à un rejet théologique au profit d'un monde matérialiste. La religion représente en partie le "monde ancien" (v.1) sur lequel repose le monde moderne et sans lequel il n'aurait pas de sens. Perdre la religion reviendrait à perdre toute consolation possible. [...]
[...] Le poète fait également preuve d'innovation formelle en employant des termes peu soutenus "voilà" (v.12) et "il y (v.13). Conclusion : A travers ce poème, Apollinaire fait entrer la poésie dans une ère moderne avec une description très novatrice du paysage urbain: le décor métallique, la rue bruyante et le quotidien d'une rue industrielle. Déchiré entre modernité et Antiquité, il fait cependant l'apologie du modernisme en idéologie et en esthétique. Baudelaire avait déjà invité la ville dans son poème Rêve Parisien dans son recueil Les Fleurs du Mal (1857). [...]
[...] Le quotidien dans l'ère industrielle Les activités de la rue sont foisonnantes comme le souligne le rythme accumulatif des longs vers. De nouveaux métiers voient le jour tels que celui des "sténo-dactylographes" (v.17) qui côtoient des métiers plus anciens comme "directeurs" et "ouvriers" (v.17). En glissant ce terme, il suggère que le langage se modernise car il suit ainsi l'évolution technique. Hormis les vers 5 et 16 conjugués respectivement au passé composé et à l'imparfait, les verbes sont au présent d'habitude pour démontrer que le modernisme s'enracine dans la vie quotidienne. [...]
[...] Il oppose la modernité à l'ancienneté qu'il évoque à travers le champ lexical de l'Antiquité comme le soulignent les mots "ancien" "antiquité" "anciennes" (v. et "antique" (v.7). Les vers 1 et 3 évoquent son ennui et sa lassitude. Ils appartiennent au registre élégiaque puisqu'ils expriment des plaintes. Le vers 1 est un alexandrin qui par le biais d'une diérèse montre la rupture de l'auteur avec l'ancien et la volonté de s'insérer dans le modernisme. Hormis au vers les pronoms de la seconde personne du singulier (v.1,3,11), "toi" (v.9) représentent le poète et sa solitude face au monde. [...]
[...] Des vers ont des rimes pauvres (5/6,11/12,15/16, 19/20, 21/22), les vers 3/4,9/10 ont des sons proches sans rimer et les vers 7/8 et 23/24 ne riment pas du tout. Le poème est construit en trois strophes de plus en plus longues, le tercet initial est suivi d'une strophe de huit vers puis de dix. Il souhaite se démarquer des poètes classiques. Le titre Zone vient du mot latin "zona" qui signifie "ceinture" et en effet, au travers de ce poème, l'auteur nous fait faire le tour de la ville, de son époque, de ses pensées et des ses émotions. [...]
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