Pierre Grimbert, Le guetteur de dragons, médiévalisme, fantasy, littérature
Dans une interview au site Lumance, Pierre Grimbert justifie la fantasy par son goût pour les « combats à l'épée, [...] le souffle épique... » en la rapprochant de ses lectures d'enfance (« les contes de fées, Arthur et ses chevaliers... »). Il précise que son écriture fait « face à notre monde moderne ultra-rapide, de plus en plus dématérialisé et agressif, la fantasy permet[ant] de garder un certain sens du réel ». Il créa le cycle Dragonia (nom du monde imaginaire), dont le quatrième opus de cette hexalogie est Le guetteur de dragons . Comment la chasse des dragons peut-elle nous permettre de « garder un sens du réel » loin d'une modernité « dématérialisé[e] et agressi[ve] » ? Comment l'adjectif « terrien », dans son acception « qui a rapport au monde rural », nous aide-t-il à « garder un sens du réel » ? La compréhension du monde « Dragonia » (dans sa « géographie » et sa « civilisation ») semble un préambule nécessaire à l'analyse de l'histoire des héros, Sigund et Argaï pour enfin aborder le dragon, convergence de leur quête respective.
[...] Un monde vaste à parcourir « Dragonia est un monde vaste . si vaste que les hommes ne peuplent qu'une petite partie de sa surface ». Le jeune héros, Sigund, se demande comment « le royaume de Galerne », d'où il vient, et le territoire innomé des dragons « peuvent [ . ] exister si près l'un de l'autre ». Si le roman se termine sur une sensation de grandeur (Sigund contemple ce paysage macrocosmique, sans fin, existant derrière La Ronce, barrière naturelle qui protège des monstres), la civilisation est dès le début abordée d'une manière plus microgéographique et microsociologique. [...]
[...] Boulaire rappelant que « le cavalier [ . ] s'éloigne du château sans se retourner, car il sait que son destin l'attend en avant ». Au contact de la fantasy, les paradigmes « Forêt », « Château » et « chevalier » semblent avoir été renommés, respectivement en « Ronce », « Tour Pelée » et « guetteur », mais dont les fonctions initiatiques ont été conservées. Sigund et Argaï : l'élève et le maître L'initiation est descriptible à travers la figure du chevalier. [...]
[...] »), la biologie et l'environnement naturel du dragon, etc. Progressivement Sigund se métamorphose et quitte le monde de l'insouciance. D'un village « protecteur » (où ses plus grands dangers se résumaient à des querelles enfantines) il traversera des « massifs rocailleux [ . ] couverts de ronces et d'arbres aux racines visibles » pour enfin atteindre la Tour Pelée, destination qui lui permettra de découvrir la filiation qui l'unit à Argaï, mais également de sauver ce dernier des griffes du Vieux Borgne, réussissant l'impossible : tuer le Dragon légendaire. [...]
[...] ] lui destinant Excalibur, l'épée de souveraineté ». Arthur et Sigund ont ainsi quelques points communs : tous les deux éloignés de leurs parents et élevés dans le mensonge. Arthur est décrit comme « plein de force et d'agilité » : Argaï permettra à Sigund de révéler ces qualités. Dans la légende arthurienne, c'est Merlin qui devient le précepteur d'Arthur, guidant son parcours. Le Guetteur (au Moyen Âge homme posté en haut d'un beffroi, d'une tour, pour annoncer le danger) ressemble à ce grand sage (« son visage était marqué de fines cicatrices qui lui donnaient un air aguerri »). [...]
[...] Ce monde reprend certains lieux communs de l'imaginaire géographique médiéval. La géographie : entre médiévalisme et fantasy La Ronce est cette frontière « infranchissable » entre le royaume et le Pays Creux, qui abrite des Dragons plus ou moins dangereux. Cécile Boulaire dans Le Moyen Âge dans la littérature pour enfants rappellent que la forêt et cet « univers impénétrable », à la fois « danger » et « lieu de l'aventure » dans lequel le héros « se gliss[e] vers toujours plus de profondeur, d'obscurité, de secret ». [...]
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