Guerre et Paix, Léon Tolstoï, 1867, justification du crime, pulsions, violence, droits individuels, liberté, animalité, Thomas Hobbes, loi du Talion, Jean-Jacques Rousseau, moralité, Aristote, Max Weber, souveraineté, guerres, commentaire de texte
Il nous est demandé d'étudier un extrait de "Guerre et Paix" du romancier russe Tolstoï où celui-ci écrit "Des millions d'hommes commirent les uns à l'égard des autres plus de forfaits -mensonges, trahisons, vols, émissions de fausse monnaie, pillages, incendies et meurtres -que n'en contiennent depuis des siècles les archives de tous les tribunaux du monde, cependant qu'au cours de cette période les hommes coupables de ces crimes ne les considéraient pas comme des crimes". Nous pourrions nous atteler à définir le terme "crime" puisqu'il va être utilisé de nombreuses fois pour servir mon analyse. Nous pouvons parler de "crimes de guerre" ou de "crimes politiques", mais peu importe la déclinaison qu'il subit, ils sont dans tous les cas réprouvés par la conscience et selon le CNRTL, constituent une "infraction grave à la morale", dans une société de droit, où le crime est également puni par la loi.
[...] En fait, nous souhaiterions répondre à la question dans quelle mesure le crime peut-il être justifié et s'il l'est, au nom de quels principes et par quels acteurs du monde ? Dans une première partie, nous étudierons l'homme comme animal empreint à ses pulsions et créateur d'actes violents et traumatisants, mais qui lui sont bénéfiques. En seconde partie, nous porterons davantage notre analyse sur l'apparition de la notion de « droits individuels et fondamentaux » dans le débat public qui feraient alors des interventions violentes des actes justifiés et nécessaires. [...]
[...] Ainsi, les « forfaits -mensonges, trahisons, vols, émissions de fausse monnaie, pillages, incendies et meurtres » énoncés par Tolstoï ne peuvent être reconnus en tant que tels à la période même où ils ont été commis puisqu'ils dépendent entièrement de la survie de l'individu au sein d'une meute dangereuse et vicieuse. Donc en fait, s'il s'agit uniquement de survie, on ne peut pas dire sur le moment qu'il s'agit de crimes. De plus, si la violence est inhérente à la nature humaine, alors on ne peut pas parler de crimes puisque cela signifierait presque que ce sont des actes réfléchis, or contraire à cette idée de pulsions. [...]
[...] Pour les États-Unis, la Guerre du Vietnam est juste puisqu'elle permet de défendre le peuple des « griffes acérées » du communisme qui prend de l'ampleur dans les régions asiatiques. Pour les chrétiens d'Occident, l'évangélisation des Indiens lors de la conquête de l'Amérique est juste et légitime. Aujourd'hui la christianisation massive et violente des Indiens d'Amérique est remise en cause, blâmée. Nous revendiquerions peut-être davantage « le droit à l'autodétermination », « le droit des peuples à disposer d'eux- mêmes » selon l'expression de Lénine. Mais « à l'époque où l'église bénéficiait d'une véritable autorité spirituelle dans le monde entier », pour reprendre les termes de Monseigneur Dubost, ces conquêtes étaient justifiables, voire entièrement légitimes. [...]
[...] Ainsi ces combats ne peuvent prendre le nom de « crimes » puisqu'ils desservent une cause commune et juste. Nous ne pouvons pas non plus dire de l'Homme de nature qu'il est criminel : ni loi ni morale n'existe, le terme crime est dénué de sens. Ensuite, nous avons pu prendre l'exemple des deux guerres mondiales qui contrastaient avec l'idée de guerre juste. Ces guerres étaient faites entre états et ne servaient en rien l'intérêt commun. Elles ont donc pris le nom de « crime » au fil de l'Histoire. [...]
[...] Et les preuves sont nombreuses, ne serait-ce que dans l'Histoire française lors de la Révolution française, le peuple a pris les armes contre la monarchie et son symbole, au nom des droits humains, de la dignité humaine. Ces combats du XVIIIe siècle ont abouti à une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen sur laquelle s'appuient encore aujourd'hui nos sociétés occidentales. Jean-Paul Sartre refuse l'inaction. Puisque nous sommes témoins d'une injustice, quelle qu'elle soit, il nous faut agir en conséquence. [...]
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