"Le Guépard", Lampedusa : étude de la Ve partie

Résumé du document

Voulant au départ raconter vingt-quatre heures de la vie de son grand-père, c'est en réalité une peinture historique que dresse Lampédusa par le biais de son oeuvre "Le Guépard". Il nous présente alors la fin d'une époque avec l'avènement de l'unité italienne au lendemain de la révolution garibaldienne et du débarquement du 11 mai 1860 où commence le roman, et la fin d'une société où la classe aristocratique disparaît, au profit d'une nouvelle classe bourgeoise, la société reposant désormais non plus sur le sang, mais sur l'argent.

Le Prince Lampédusa propose alors une vision du Risorgimento très personnelle, à travers les yeux de Don Fabrizio, symbolisant l'aristocratie qui contraste cependant avec la cinquième partie du roman, qui nous offre une vision plus populaire du Risorgimento et un regard nouveau sur la Sicile. Cette partie fut la plus contestée par les critiques, n'ayant « pas sa place » dans le roman ; mais bien qu'elle porte un regard novateur, elle reste ancrée dans la ligne directrice de l'œuvre voulant présenter l'évolution du Risorgimento et s'inscrit ainsi dans sa continuité.

Nous nous demanderons donc si cette cinquième partie constitue une mise en abîme de l'œuvre tout entière.

Extraits

[...] On a une description de la société sicilienne ; elle apparaît comme féodale, proche de la terre. On nous présente l'esprit de la société, et les relations dans ces petits villages : on retrouve un esprit, caractéristique de la Sicile, de vendetta : Turi, exproprié de ses terres par son frère, pousse son fils Santino à séduire Angéline, la petite-fille de don Gaetano pour récupérer grâce à la dote de cette-ci sa part de la plantation d'amandiers dont il a été injustement dépossédé. [...]

[...] En quoi la 5e partie du Guépard de Lampedusa constitue-t-elle une mise en abîme de l'œuvre ? Voulant au départ raconter vingt-quatre heures de la vie de son grand-père, c'est en réalité une peinture historique que dresse Lampédusa par le biais de son oeuvre le Guépard. Il nous présente alors la fin d'une époque avec l'avènement de l'unité italienne au lendemain de la révolution garibaldienne et du débarquement du 11 mai 1860 où commence le roman, et la fin d'une société où la classe aristocratique disparaît, au profit d'une nouvelle classe bourgeoise, la société reposant désormais non plus sur le sang mais sur l'argent. [...]

[...] Ces deux couples sont caractérisés par la sensualité, mais à l'élégance d'une union d'amour pour les premiers s'opposent ‘'l'amour brutal'' d'Angéline et de Santino. A la beauté d'Angéline s'oppose la disgrâce d'Angéline à la ‘'bouche saillante''. A travers cette partie et cette différence, Lampédusa expose à travers la vision du père Pirrone et les descriptions comparatives qu'il fait de cette société sa propre réflexion : En effet, le père Pirrone continue de parler, tout seul, conscient que l'herboriste s'est endormi. C'est donc plus un monologue que tient Lampédusa au lecteur sur le Risorgimento. [...]

[...] A l'inverse après cet épisode, le Prince prendra pleinement conscience du déclin de sa classe sociale, notamment lors de la scène du bal. Il en va de même pour le père Pirrone qui redoute (P.204) ‘'les inévitables confiscations futures des biens de l'Eglise'', et ce déjà depuis la page 43 ‘'il est clair que nos biens [ ] vont être saisis et mal partagés'' ; il redoute le déclin du pouvoir et de l'influence de l'Eglise elle –même, dans cette ère républicaine qui s'annonce. [...]

[...] De manière réaliste tout d'abord : en février 1861, date du voyage, seule la place forte de Gaète résiste encore à l'armée de Victor-Emmanuel II. Ce dernier bastion est condamné selon le père Pirrone : on n'avait plus rien à sauver là-bas, fors l'honneur Les Bourbons sont dès lors explicitement condamnés. De manière symbolique ensuite, avec tout d'abord la charrette qui emmène le père Pirrone de Parlerme à San Cono (P.200): Elle est ornée de ‘'peintures patriotiques'', dont l'une est la représentation de la sainte patronne de Palerme, Rosalia, et de Garibaldi, se tenant ‘'bras dessus, bras dessous''. [...]