Comment La Fontaine parvient-il à divertir son lecteur tout en lui délivrant un enseignement politique et moral ? Nous étudierons tout d'abord l'art du fabuliste, qui lui permet de mener un récit plaisant et rythmé. Nous analyserons ensuite les caractéristiques des grenouilles et les analogies qui s'établissent avec les humains, puis nous aborderons enfin les différentes leçons de la fable (...)
[...] Elle délivre aussi une leçon aux hommes, en leur offrant un tableau peu flatteur de leurs comportements, afin qu'ils puissent se corriger, et en les avertissant des dangers qu'il y a à persister dans la mauvaise direction. Les animaux apparaissent bien comme les précepteurs des hommes comme l'indiquait le fabuliste dans sa dédicace du livre XII au duc de Bourgogne. [...]
[...] Il décrit aussi les actions de la grue (v27-28), dans une énumération qui met en valeur des images fortes croque / tue / gobe avec des vers courts (octosyllabes) qui rendent le rythme plus vif, et des sonorités dures qui les croque, qui les tue, / qui les gobe). Dans cette fable cependant, La Fontaine semble s'amuser lui-même des effets de la personnification, en jouant sur les mots. Ainsi, au vers l'expression tomber du ciel qui a un sens abstrait, prend-elle une valeur concrète, puisque effectivement Jupin (Jupiter), dieu romain qui ici est aussi dieu des grenouilles, leur envoie un morceau de bois. [...]
[...] Partant, il sera sans doute mieux à même de se comporter en citoyen plus responsable. Une leçon politique Au-delà de ce constat, la Fontaine délivre dans la fable une leçon politique. C'est par l'intermédiaire de Jupin que la morale est exprimée : le personnage évoque les changements successifs de régimes politiques: premièrement [ ] votre Gouvernement / votre premier roi [ ] / celui-ci». Il insiste à chaque fois sur l'inconséquence du peuple, toujours insatisfait : vous avez dû (ce qui signifie : vous auriez dû) / il vous devait suffire / contentez-vous Et c'est par la menace d'un gouvernement pire encore que s'achève la fable : le peuple est passé de la démocratie à une monarchie pacifique avant de connaître un pouvoir abusif et cruel, et la situation pourrait s'aggraver encore. [...]
[...] La Fontaine utilise de nombreux procédés pour amener le lecteur récalcitrant à adopter cette lecture. Tout d'abord, les grenouilles sont douées de parole (le vers 25 les fait entendre), même si elles ne sont pas très polies Elles ont pour interlocuteur un dieu, Jupin, dieu romain. Surtout, elles se soucient de politique, puisque la fable évoque l'état Démocratique et le pouvoir Monarchique ; les paroles finales de Jupin ne s'adressent pas à des grenouilles, mais bien à des humains, puisque toute mention d'animalité, après l'épisode de la dévoration par la Grue, est exclue. [...]
[...] La personnification acquiert un aspect humoristique, qui ajoute au plaisir du lecteur. La composition du récit La fable de La Fontaine fait le récit des changements politiques opérés chez le peuple de la gent marécageuse à cause de son éternelle insatisfaction. Mais les différents régimes ne sont pas développés de la même manière : deux vers sont consacrés à la Démocratie afin d'en signaler la rapide disparition ; la Monarchie avec un roi tout pacifique occupe une vingtaine de vers ; celle avec un roi cruel, quatre vers. [...]
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