Etude analytique de la fable de La Fontaine intitulée La Grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Boeuf.
[...] Dans la fable 3 du livre La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Bœuf, l'auteur dénonce vigoureusement la vanité. Si le corbeau de la fable précédente (Le Corbeau et le Renard, fable 2 du livre III) se contente d'ouvrir le bec, orgueil qui ne lui coûtera que son fromage, la grenouille va plus loin et s'implique totalement, mais sa vanité lui fera perdre la vie. L'art du récit et de la versification L'art du récit Parce que très courte, la fable va à l'essentiel et se présente comme un discours narratif encadrant un dialogue : - vers 1 et 2 : situation initiale L'ouverture du récit se fait par deux vers pour présenter les deux protagonistes brièvement. [...]
[...] Aucun commentaire n'est fait sur la fin de la grenouille, ce qui marque de manière encore plus forte l'opposition entre le but recherché impossible et le résultat final, le néant. - vers 11 à 14 : la morale La Fontaine fait ici une observation critique de ses contemporains plus qu'une morale. Il passe de la grenouille, cas particulier, à la généralité. Le ton devient plus solennel : il parle à la fois des hommes de son époque et de la nature humaine en général. C'est le présent de vérité générale qui est utilisé ici. [...]
[...] - vers 9 et 10 : dénouement La Fontaine marque ici sa vision conservatrice de la société, selon laquelle chacun doit rester à sa place. Son jugement est moqueur. Il fait rimer encore avec pécore, ce qui crée un effet burlesque parce qu'il remet la grenouille à sa place. Le terme lui-même, dérivé de l'italien, désignait à l'époque une femme stupide et prétentieuse et était considéré comme bas et burlesque. De plus, pécore est mis en valeur et alourdi par chétive. [...]
[...] Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. Nenni : vieux mot pour non. Marque ici l'insistance. Pécore : de l'italien pecora brebis. Indique une femme stupide et prétentieuse. Ce mot au propre signifie un animal, une bête ; mais il est bas et burlesque (Richelet). Tout marquis veut avoir des pages : seuls les rois et les princes avaient le privilège d'avoir auprès d'eux des pages. [...]
[...] L'art du conteur sait y faire exister, en peu de mots, des personnages et une situation certes dramatique, puisqu'elle s'achève par la mort de la grenouille, mais aussi burlesque. L'énonciation de la morale généralise l'attitude de la grenouille et pas même le lecteur ne peut y échapper. On peut rapprocher de cette dénonciation, les critiques de la vanité de Voltaire dans Candide où le baron de Thunder-ten-tronckh cherche à changer son statut en changeant les mots, ou bien encore de Molière dans Le Bourgeois gentilhomme dans lequel ce personnage principal cherche à changer sa classe sociale en changeant les apparences. [...]
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