Gravitations, Disparitions, Jules Supervielle, poème, déchirure géographique, déchirure existentielle, exil, mort, pesanteur, absence de l'autre, allitération, poésie, narrateur, métaphore
La double déchirure, géographique et existentielle, qui marque l'existence de Jules Supervielle, se lit dans son oeuvre. Homme de deux patries : la France et l'Uruguay, ses fréquents aller-retour sont symptomatiques d'un attachement aux deux pays, mais cela lui confère aussi un sentiment d'exil lorsqu'il est dans un de ses pays et que l'autre lui manque. En outre, il est affecté par l'expérience précoce de la mort du fait de la perte de ses deux parents, la même semaine, alors qu'il n'avait que huit mois. Le recueil de poésies Gravitations, paru en 1925 est considérée comme l'oeuvre qui marque la naissance poétique de son auteur.
[...] ») qui est ponctuée d'un défaut de réponse : « ce n'est pas moi qui te renseignerai » (v. 44). Les lèvres qui interrogent ont d'ailleurs la couleur de cette panique, elles sont « blêmes » (v. 15). Bien qu'étant distant physiquement, ce qui est même souligné d'un intensif « très loin » (v.22), le disparu est omniprésent. Comparée à un haut-parleur (v. sa voix demeure : « Celui qui prononce ces mots à ton oreille » (v. 21). Il était bien là. Les traces de sa présence dans le train sont personnifiées par les témoins : « deux employés et trois femmes » (v. [...]
[...] Le manque est d'autant plus criant que les rideaux qui sont personnifiés sont quant à eux bien à deux : « dans les bras l'un de l'autre » (v. 9-10). Le calme s'oppose au tumulte du quatrain précédent avec le privatif « pas un pli » (v.8) ainsi que le participe passé « endormis » (v. 9). La structure des vers avec leurs nombreux enjambements accentue un état de confusion. L'angoisse de la disparition se retrouve dans le champ lexical de l'absence et de la distance : « vide » (v. « n'est y est plus » (v. [...]
[...] Cette destination dont nul n'échappe et où le corps physique n'a plus sa place. Mais ici, la mort est représentée comme un voyage. Le voyage de l'être double dont les pulsions de vie se heurtent aux pulsions meurtrières qui veulent anéantir le corps vivant. Mais la conscience de la vie est inéluctablement reliée à son opposé qui est la mort. Ce poème est finalement un monologue intérieur avec la présence du je qui le caractérise, le discours direct et les nombreuses formes interrogatives. [...]
[...] On monte à bord du train lorsqu'on naît et on en descend lorsqu'on décède. Et parfois, nos proches le quittent avant nous. Si le disparu est descendu du train se pose alors la question de sa destination : « S'en est-il allé de l'autre côté » (v.34), « S'est-il installé au Panthéon des Grands Hommes » (v. 37-40). Nous trouvons la présence significative de la mort dans ces termes : « l'autre côté » qui est un euphémisme désignant la mort, ainsi que la référence au suicide (v. 36). [...]
[...] Gravitations, Disparitions - Jules Supervielle (1925) - Le poème est-il caractéristique de la déchirure originelle que porte en lui le poète ? La double déchirure, géographique et existentielle, qui marque l'existence de Jules Supervielle, se lit dans son œuvre. Homme de deux patries : la France et l'Uruguay, ses fréquents aller-retour sont symptomatiques d'un attachement aux deux pays, mais cela lui confère aussi un sentiment d'exil lorsqu'il est dans un de ses pays et que l'autre lui manque. En outre, il est affecté par l'expérience précoce de la mort du fait de la perte de ses deux parents, la même semaine, alors qu'il n'avait que huit mois. [...]
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