Commentaire du sonnet Le palais de Gormaz, comte et gobernador de Fourest, sous forme de lecture analytique détaillée et entièrement rédigée. Ce commentaire s'attache à étudier tous les aspects qui font de ce sonnet une parodie.
[...] (Introduction Dans le sonnet soumis à notre étude –imitant l'écriture poétique du XIXème siècle-, issu du recueil poétique La Négresse blonde, Georges Fourest donne à lire l'intrigue de la tragi-comédie Le Cid de Corneille dans un registre burlesque des plus inattendus. En quoi Fourest se livre-t-il à une réécriture parodique à travers ce sonnet ? On adoptera une démarche visant à montrer dans un premier temps que l'auteur s'exerce à parodier Le Cid, puis nous verrons qu'il dégrade progressivement les couleurs locales en vogue au XIXème siècle. Enfin, l'on étudiera le processus de dégradation du sonnet parnassien. [...]
[...] C'est là une réduction burlesque, une banalisation grotesque d'un amour passionnel (Mais le processus de dégradation ne s'arrête pas là : Fourest se complaît à satiriser l'héroïsme des deux personnages masculins –Rodrigue et le père de Chimène Alors que dans la pièce les deux hommes rivalisaient de vertu et d'honneur, ici se dessine une signalée antithèse entre les termes assassin et joli garçon (vers 14). Quand Chimène parle d'« assassin elle nie avec pugnacité les mobiles héroïques duel déniant par la même la morale héroïque qui s'imposait dans la pièce de Corneille. [...]
[...] Quant aux rimes du premier quatrain, elles sont embrassées, tandis que celles du second sont croisées En cela, ce sonnet est presque parfait, obéissant aux sophistications parnassiennes (Nonobstant, toutes ces sophistications littéraires le rendent si ridicules en ce sens que les rimes sont ici anormalement riches, développant exceptionnellement plusieurs phonèmes communs : on peut ainsi relever les rimes capa/Papa si sobres, si pauvres quant à leurs sens mais riches quant à leurs formes ; à cela s'ajoutent les rimes pierre/paupière où le second mot mis à la rime semble l'expansion sonore du premier Bref, les rimes anormalement riches ici les termes mis à la rime sont si triviaux –transforment le poème en un sonnet anormalement ridicule ! Telle est la finalité de Fourest (Et Fourest cultive la tradition de l'antithèse, la rendant toujours plus fertile Ainsi peut-on noter la présence de la conjonction de coordination Mais à l'attaque du premier tercet, au vers qui rappelle les sonnets parnassiens qui opposaient quatrains et tercets par une figure de l'opposition. [...]
[...] C'est là l'avènement de l'exacerbation de la trivialité, trivialité d'autant plus frappante qu'elle consiste en la réecriture d'une pièce qui se veut grandiose. Transition : On l'a vu, Fourest a bien réécrit la pièce de Corneille mais en procédant à une dégradation des plus singulières. Mais la parodie s'insinue encore : dans un irréversible mouvement d'amplification, Fourest moque avec brio les couleurs locales en vogue chez les auteurs du XIXème siècle. ( II- Une parodie des couleurs locales en vogue au XIXème siècle (Fourest dégrade avec une ironie des plus incisives, des plus subtiles, les couleurs locales très usitées par les auteurs du XIXème siècle. [...]
[...] Et les rapprochements des termes sont singuliers [ ] joli garçon l'assassin [ ] (vers 14). On peut également noter l'oxymore mourir le soleil d'or au vers 8 qui connote avec emphase la douleur de Chimène On le voit, Fourest puise bien dans les images poétiques parnassiennes pour mieux les tancer avec humour et habileté cela s'ajoute le recours à l'enjambement dans les quatrains, fréquent dans le sonnet parnassien, mais détourné de sa finalité, comme pour marquer ici l'irréversible contamination du grotesque dans tout le sonnet, son expansion irrémédiable dans tout le poème. [...]
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