Commentaire composé du texte Gorge coupée de Michel Leiris, extrait de son oeuvre autobiographique "L'Age d'Homme". Il s'inscrit au programme du baccalauréat de français en 1re scientifique.
[...] L'auteur explique comment un évènement de l'enfance et ses circonstances particulières ont déterminé, configuré son existence d'adulte. L'écriture a ici une fonction cathartique mais tend aussi un piège d'identification, de projection au lecteur. Ainsi, les dernières lignes, à la fois très personnelles par la vision négative qui s'en dégage et ancrées dans l'actualité historique, acquièrent une grande universalité par l'ampleur de la réflexion proposée. [...]
[...] Il renvoie au fait que l'enfant a été attaqué par surprise, pris au dépourvu. En latin, il signifie marcher contre quelqu'un ; ainsi, le champ sémantique de l'agression est important, tout comme le lexique poliorcétique : brutale coup monté guet-apens attaque soudaine plongea un outil dans ma gorge éventre (l18). Le mot choc qui renvoie aux conséquences de l'agression, n'est pas dénué d'ambigüité. Au sens médical, il désigne le choc opératoire, traumatique, anesthésique mais ici il n'y a pas eu d'anesthésie : l'enfant a donc senti toutes les sensations, comme l'indique l'expression douleur que je ressentis Mais on peut penser aussi au choc émotionnel. [...]
[...] Les sorbets qui sont censés le soigner et le réconforter, il les dégurgite, il les rejette. Tout, pour lui, a la couleur de la dualité : les sorbets à la fraise ont la couleur du sang et se mêlent au sang qu'il perd. Notons que, même lorsque les parents s'enquièrent de sa santé, ils le font avec une certaine violence : m'arracher une parole qu'on me faisait avaler Ce souvenir pénible va donc façonner chez l'enfant une représentation de la vie qui va rester. [...]
[...] Trois paragraphes se succèdent. Des le premier paragraphe, il fait le récit ide son agression : il en expose la nature (l1 à les circonstances (l4 à 10) et le déroulement. Dès les premières lignes, on sent que l'auteur veut mettre l'accent sur le caractère exceptionnel de l'événement. Il l'ancre dans une réalité temporelle âgé de cinq ou six ans puis tout de suite après, en une phrase lapidaire, il nous fait part d'une vérité : je fus victime d'une agression Les expressions policières victime et agression s'adaptent bien au titre de l'extrait gorge coupée qui renvoie à une tentative d'assassinat mais l'auteur précise ensuite de quoi il est question : je veux dire que je subis dans la gorge une opération qui consista à m'enlever des végétations ; l'intervention eut lieu manière très brutale sans que je fusse anesthésié . [...]
[...] Le traumatisme est aussi lié à la peur de l'enfant. sans doute eus-je l'air effrayé peur primaire du petit garçon livré à un bourreau. Alors que le chirurgien représente le soin, la guérison, il se transforme ici en boucher auquel font penser la blouse blanche et les instruments tranchants. La connotation est présente dans la suite du texte avec cri de bête qu'on éventra et le terme final d'abattoir L'enfant à la gorge coupée est pareil à un animal qu'on égorge. [...]
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