Les Gommes, Alain Robbe-Grillet, 1953, Nouveau Roman, nouvelle conception romanesque
Alain Robbe-Grillet, chef de file du Nouveau Roman, mouvement dont les auteurs et le théoricien Jean Ricardou revendiquent que le « roman n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture », a écrit en 1953 Les Gommes, œuvre où l'on retrouve effectivement cette nouvelle conception romanesque.
[...] Toute l'habilité d'Alain Robbe-Grillet se révèle donc dans sa capacité à créer une action à partir d'une situation assurément triviale. plus de la perte de l'identité du personnage et de son rôle dans l'intrigue, c'est ainsi que toute la forme romanesque est remise en cause, repensée et recrée. De ce fait nous sommes donc amenés à nous demander quels sont les thèmes que le Nouveau Roman veut mettre en perspective et quel en est l'optique ? ________Deuxièmement, nous pouvons remarquer l'uniformité le manque de choix dans l'alimentation, telle que Wallas n'a plus la liberté de décider : son choix est d'ailleurs de faible importance, car les divers mets proposés ne diffèrent que par l'arrangement des articles (l.6). [...]
[...] Pour se faire, nous analyserons dans un premier temps la place qu'occupent les objets par rapport au personnage puis nous nous pencherons sur l'univers déshumanisé qui l'entoure. ________Premièrement, nous pouvons remarquer la volonté certaine de l'écrivain de nous intimer l'omniprésence des aliments, des objets. En effet, ceux-ci sont décrits le plus précisément qu'il soit par un jeu subtils d'adjectifs, majoritairement épithètes, ainsi qu'attributs. Nous pouvons prendre à exemple olives noires (l.11), œuf dur (l.11), moteur électrique (l.15), case vide (l.16), gelée verdâtre (l.25), La chaire périphérique [ ] est [ ] épaisse (l.23) qui nous démontrent cette volonté d'Alain Robbe-Grillet de nous donner nombre de détails. [...]
[...] La forme des autres denrées alimentaires est également évoquée avec des termes géométriques disque de pain (l.12), petits cubes (l.20), quartier de tomate (l.21), symétrie parfaite (l.22). Ces entités apparaissent clairement aux yeux du destinataire qui est désormais en possession de cette peinture objective, et scientifique du lieu où Wallas se trouve. ce fait, le personnage apparaît comme étant l'outil, dont la perception, le regard et les faits et gestes, permettent d'insérer la description de son environnement dans le récit. [...]
[...] ________D'autre part, l'enchainement répétitif et mécanique des gestes de Wallas, rapportés par des verbes d'actions, témoignent du caractère probablement irréfléchi de ses actes : Wallas introduit son jeton dans la fente et appuie sur un bouton» (l.14), il la saisit, ainsi que le couvert qui l'accompagne (l.17), opéré de la même façon pour une tranche du même pain [ ] et enfin pour un verre de bière (l.18) il commence à couper son repas en petits cubes (l.20). Aux yeux du destinataire, il est tel un pantin effectuant inlassablement une gestuelle routinière. Cette attitude d'automate exprime l'immuable des situations que vit le personnage et qu'il subit, lui échappant de tout contrôle. outre, les seuls êtres vivants qui l'entourent sont dénués de toute vie comme le prouve la synecdoque quand une colonne se dégarnit, des mains sans visage complètent les vides (l.4) ils n'ont plus une facette humaine, ne parlent pas et n'interagissent pas avec d'autres personnes. [...]
[...] Le lecteur est donc interpellé par cette déshumanisation, et remarque que Wallas erre dans un univers absurde, où il semble seul au monde. définitive, avec le Nouveau Roman, le personnage perd donc toute l'importance qu'il avait acquise avec le roman traditionnel. Désormais le roman s'attache à dépeindre par de fins procédés stylistiques les perceptions décousues du personnage ce qu'il l'amène a des descriptions minutieuses des objets du milieu, toujours dans l'optique de les valoriser, et les mettre au centre de l'attention. [...]
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