Déclarant que "tout ce qui est romantique et malade et tout ce qui est classique est sain" Goethe nous traduit par cela la dualité qui inspire son écriture et nourrit son oeuvre. Faust I est un récit épique, un roman symbolique. Goethe l'écrit en 1790, après son voyage en Italie, séduit par l'idéal classique antique, et influencé par classicisme de Weimar. Faust I succède à l'Urfaust (1873-1875) écrit durant la période précédente où il se rattachait plus particulièrement à "Sturn und Drang", mouvement romantique. Dans Faust I, récit épique reprenant l'histoire légendaire du docteur Faust du Volsbuch puis du docteur Faust de Marlowe, Goethe y ajoute deux passages supplémentaires : la cuisine de la sorcière et forêts et cavernes. Ce dernier se situe au 2/3 du récit. Amenant un nouveau lieu au sein du récit.
Dans le récit de Goethe, Faust, grand docteur en quête de connaissance, fait un pacte dans le cabinet avec le diable pour atteindre l'omniscience. Après des voyages, Méphistophélès lui fait boire une potion pour lui faire "voir dans chaque femme une Hélène" et lui donner l'apparence d'un beau cavalier. Après cela, et sous l'influence de la potion, Faust de retour en ville veut séduire avec l'aide de Méphistophélès une jeune fille qu'il croise en ville. Celui-ci glisse dans l'armoire de sa chambre une cassette en cadeau. Leur première rencontre a lieu avec l'aide de la voisine, Marthe. La scène Forêts et cavernes succède à la scène de la petite cabane du jardin dans laquelle Faust embrasse Marguerite. Dans ce passage Forêts et cavernes, Faust s'isole et réfléchi. Méphistophélès vient l'interrompre. Un échange verbal a lieu entre les deux personnages. Les scènes suivantes sont de l'ordre de la catabase, une descente progressive aux enfers (la mise en garde de Lisette, la mort du frère de Marguerite), les passages de la nuit de sabbat et des rites de sorcellerie, amènent le récit vers une fin tragique jusqu'à l'enfermement de Marguerite dans un cachot, avant son exécution et le désespoir de Faust.
Le passage forêts et caverne marque un arrêt dans l'enchaînement des actions. Le monologue de Faust puis l'échange verbal avec Méphistophélès, qui sont les seuls personnages présents, dévoilent ce passage comme primordial pour l'oeuvre. Ils alternent de longues tirades avec de brèves répliques où les didascalies sont quasi-inexistantes. Ainsi, par les paroles de Faust et de Méphistophélès dans ce passage, nous nous demanderons de quelle manière la scène de Forêts et cavernes marque un basculement vers le mal dans le récit du Faust de Goethe ? (...)
[...] Il utilise des phrases exclamatives pour s'adresse à lui. Des phrases impératives lève-toi/«ne nomme plus 47) fuis ! hâte-toi 63) Des mots à connotation péjorative : l'interjection fi 33) est un archaïsme d'origine onomatopéique. Elle exprime le dédain ou le mépris. serpent ! 45) peut faire référence au serpent tentateur dans la Bible. Avec infâme 47) , entremetteur 53) enfer 62) il adresse sa violence dans l'incapacité de poursuivre sa quête . Le détournement de sa pensée par Méphistophélès le pousse vers un ton blasphématoire qui a pour but de l'éloigner. [...]
[...] Lorsqu'entre le personnage de Méphistophélès, Faust insiste pour marquer un écart avec lui : L'utilisation du conditionnel marque le souhait de Faust de l'éloigner : Je voudrai que tu eusses à faire quelque chose de mieux que de me troubler dans mes beaux jours 18).Cette idée est renforcée par l'utilisation du pronom personnel il 23) pour s'adresser à Méphistophélès, dans le sens de celui-là le désignant comme un objet éloigné. Par cela même, Méphistophélès est perçu comme s'intercalant entre l'accès au divin et Faust. L'ascension vers le spirituel est rompu Faust est enchaîné au diable contre son gré. [...]
[...] Il désigne Faust par des descriptions indirectes qui ont des valeurs d'amplification, comme nous l'avons vu précédemment. Les adjectifs qui le qualifient sont déplaisant, rude, fou 20) / ridicule 67) Il utilise également des périphrases: pauvre fils de la terre 23) plaisir de crapaud ton ruisseau qui s'enfle pauvre fou ! faible tête diable qui se désespère ces beau jumeaux qui paissent entre des roses 52) et des comparaison : te nicher comme un hibou comme un ruisseau qui s'enfle 39) Méphistophélès fait preuve l'ironie, en disant le contraire de ce qu'il veut faire entendre : plaisir surnaturel on n'ose nommé devant de chastes oreilles ce dont les cœurs chastes ne peuvent se passer. [...]
[...] Faust I est un récit épique, un roman symbolique. Goethe l'écrit en 1790, après son voyage en Italie, séduit par idéal classique antique, et influencé par classicisme de Weimar. Faust I succède à l'Urfaust (1873-1875) écrit durant la période précédente où il se rattachait plus particulièrement à Sturn und Drang mouvement romantique. Dans Faust récit épique reprenant l'histoire légendaire du docteur Faust du Volsbuch puis du docteur Faust de Marlowe, Goethe y ajoute deux passages supplémentaires : la cuisine de la sorcière et forêts et cavernes . [...]
[...] Peu à peu, tout ce qu'il recherchait et considérait comme source d'inspiration et de beauté sont déconstruits, désacralisés dans ce passage : la divinité féminine nous apparaît comme une victime et fragile comme une innocence pervertie. La prestance de Méphistophélès peu à peu persuade et manipule Faust en l'éloignant de sa quête essentielle. Faust est extirpé de sa caverne de la méditation. Le souvenir de Marguerite le rappel à l'ordre et interdit définitivement son ascension vers la vérité essentielle, devant payer le prix de ses actes et pâtir pour Marguerite. Ici, Faust n'a plus le choix. Son élégie vient porter sa dernière tirade en annonçant ici la fin inéluctable du récit de Faust. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture