Commentaire composé d'un passage extrait du livre d'Edouard Glissant : Le quatrième siècle. Etude du récit de la fuite de l'esclave, acheté par monsieur De La Roche qui mène à une réflexion sur l'homme "sauvage" et l'homme "civilisé".
[...] Edouard Glissant avec ce texte riche par ses figures de style et sa syntaxe, nous fait part de son point de vue en remettant en question la définition du mot “civilisé”. En effet, pouvons nous qualifier de “civilisés” des hommes qui, pour capturer un pauvre esclave, seraient prêts à lâcher des chiens à ses trousses allant même jusqu'à prévoir des explosifs pour faire “péter au cul du nègre”? L'auteur dénonce toute la bassesse humaine et tente une prise de conscience pour que le lecteur soit informé de ce qu'a vraiment subit le peuple noir au temps de l'esclavage. [...]
[...] Le narrateur plonge à trois reprises le lecteur dans ses pensées avec le choix d'un langage oral: oui non oui, c'était là Il s'agit de la focalisation interne à partir d'un discours indirect libre. Il implique ainsi dès la première phrase le lecteur dans la fuite de l'esclave, ce qui renforce la tension et la peur ressenties par le marron. Le fugitif et le lecteur sont donc complices. L'esclave cherche à tout prix à s'échapper à tel point que cela en devient une obsession: Pas assez d'eau. Les traces. [...]
[...] Le narrateur exprime, dans cette suite de phrases nominales, toute la rapidité avec laquelle l'esclave tente de s'échapper. Avec l'infinitif couper à travers l'obsession de l'esclave est telle qu'il n'agit qu'avec une seule idée en tête: fuir pour survivre. Tous les passages qui narrent cette fuite sont construits de façon à tenir le lecteur en haleine face aux obstacles que rencontre le héros. Dans le texte, un amas de mots ou de juxtapositions sont introduits de façons désordonnée n'ayant pas forcément de rapports directs: “dans la nuit, les bois, les branches, la pesante profondeur . [...]
[...] Contrairement au fugitif, le groupe destiné à le rattraper est bien organisé, composé d'un capitaine, d'officiers et surtout d'une meute de chiens. Dans cette opposition est évoquée toute l'inhumanité des hommes qui, pour capturer l'esclave, se servent de chiens, comme s'il était du gibier. Cette déshumanisation est renforçée par l'absence d'identité du fugitif. En effet, le narrateur emploie le pronom personnel pour le qualifier. Quand aux chasseurs, ils utilisent le terme de dont la connotation le place plus au rang d'animal que d'homme. [...]
[...] La métaphore: lions dans la soute du grand bateau” l'accentue. Le lion, animal d'Afrique est en fait l'esclave lui-même qui a traversé l'océan dans la soute d'un bateau pour être vendu. Sous cette métaphore se cache une opposition entre un animal sauvage mais noble: le lion contre des chiens dressés: la meute. Le lion étant symbole de vie sauvage et le chien, celui de vie en société. La comparaison de l'esclave avec un animal est indiquée par les actes mêmes du marron qui, pour se soigner le bras “suça la blessure” comme le font les animaux pour désinfecter une plaie. [...]
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