Jouée pour la première fois au Théâtre de l'Athénée le 13 mai 1937, Electre de Jean Giraudoux apparaît comme la réécriture de la réécriture d'un mythe. D'abord passage épique dans l'Odyssée d'Homère puis repris par Eschyle, Sophocle et Euripide, Electre est un mythe intemporel qui a fasciné de nombreux écrivains. Giraudoux lui, nous livre avec finesse et habileté une oeuvre empreinte d'une force tragique surprenante, sans jamais perdre cet esprit étincelant, cet humour qui ont fait de lui l'un des plus importants dramaturges du XXème siècle. La tragédie reprend le thème de la famille des Atrides : Clytemnestre, aidée par Egisthe son amant, va assassiner son époux Agamemnon lors de son retour de la guerre de Troie. Leur fils Oreste est banni et seule reste Electre qui "ne fait rien, ne dit rien. Mais [qui] est là". Electre est en perpétuelle quête de vérité. Mais qui donc a tué son père ? Aidée par le retour de son frère et par les aveux de sa mère, Electre va découvrir horrifiée qu'elle est l'objet de la malédiction qui pèse sur sa famille. Nous nous demanderons alors comment Giraudoux, en restant fidèle au mythe antique tout en le modernisant, arrive à transposer habilement une oeuvre intemporelle dans une époque qui lui est sienne. Dans un premier temps, nous verrons qu'Electre est une parfaite réécriture d'une tragédie antique puis nous nous intéresserons à la modernité de l'oeuvre dans son contexte socio-politique.
Tout d'abord, parce qu'il s'agit d'une réécriture, il conviendrait d'évoquer le mythe d'Electre tel qu'il a été écrit par les prédécesseurs de Giraudoux. Le personnage d'Electre apparaît pour la première fois dans la littérature dans l'Odyssée d'Homère. Selon la légende, Electre est absente de Mycènes quand son père revient de la guerre de Troie et est assassiné par Clytemnestre et Egisthe. Elle revient huit ans plus tard à Athènes avec son frère Oreste qui reçoit, à sa vingtième année, l'ordre de l'Oracle de Delphes de venger la mort de son père. Aidé par sa soeur, il passe à l'acte et selon les versions devient fou, poursuivi par les Erinyes. Différents auteurs antiques se sont intéressés à ce mythe devenu intemporel (...)
[...] Par ailleurs , la trame policière va prendre une forme peu conventionnelle puisque au-delà de son rôle de détective et/ou de commissaire , Electre va exécuter les coupables : elle officie donc en tant que juge et bourreau . Elle endosse donc presque tous les rôles liés à la justice devenant de cette manière toute-puissante. Le rôle de juge ne lui ait pas, par ailleurs, uniquement réservé. Nous noterons en effet, la présence du mendiant dont le rôle dans cette enquête n'est pas à omettre. [...]
[...] Un second personnage semble être un avatar de la reine, celui, à la fin de la pièce, de la femme Narsès. Celle-ci contrairement à Agathe, n'est pas son avatar du fait de ses ressemblances avec Clytemnestre, mais plutôt du fait de ses différences. En effet, l'un des traits qui caractérisent le plus la reine dans l'œuvre est son absence de sentiments maternels. La femme Narsès, elle, n'est caractérisée presque que par son esprit maternel comme si elle en était une sorte d'incarnation : (lignes 3393) FEMME NARSES : Oui ma fille. [...]
[...] Dans un premier temps , nous verrons qu'Electre est une parfaite réécriture d'une tragédie antique puis nous nous intéresserons à la modernité de l'oeuvre dans son contexte socio-politique . Tout d'abord , parce qu'il s'agit d'une réécriture , il conviendrait d'évoquer le mythe d'Electre tel qu'il a été écrit par les prédécesseurs de Giraudoux . Le personnage d'Electre apparaît pour la première fois dans la littérature dans l'Odyssée d'Homère . Selon la légende , Electre est absente de Mycènes quand son père revient de la guerre de Troie et est assassiné par Clytemnestre et Egisthe . [...]
[...] La dernière force de la réécriture d'Electre réside dans le fait que Giraudoux a voulu briser le " carcan " du genre . En effet, sa pièce se déroule selon deux actes . Or , celle de Sophocle , par exemple , ne se déroule pas selon des actes : elle suit tout simplement son cours chronologique . Giraudoux a donc volontairement structuré sa pièce , mais il l'a fait à sa manière et non selon les règles imposées . [...]
[...] Electre de Giraudoux , relecture moderne d'une tragédie antique Jouée pour la première fois au Théâtre de l'Athénée le 13 mai Electre de Jean Giraudoux apparaît comme la réécriture de la réécriture d'un mythe . D'abord passage épique dans l'Odyssée d'Homère puis repris par Eschyle , Sophocle et Euripide , Electre est un mythe intemporel qui a fasciné de nombreux écrivains . Giraudoux lui , nous livre avec finesse et habileté une oeuvre empreinte d'une force tragique surprenante , sans jamais perdre cet esprit étincelant , cet humour qui ont fait de lui l'un des plus importants dramaturges du XXème siècle . [...]
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