La répétition figure au premier rang des procédés poétiques. On la trouve ici tout d'abord sous l'aspect de reprises enchaînant les premières répliques les unes aux autres. Les mots "teint", "sommeil", "pur" sont repris en en écho par l'une des récitantes. Cette construction confère au récitatif une apparence de spontanéité, comme si, effectivement, il s'agissait d'un discours librement improvisé (...)
[...] Cette construction confère au récitatif une apparence de spontanéité, comme si, effectivement, il s'agissait d'un discours librement improvisé. On trouve également des figures de rhétoriques : le polyptote (figure de rhétorique qui consiste à employer le même mot sous deux formes grammaticalement différentes avec une subtile nuance de sens). Deux cas sont particulièrement remarquables : les mots "silence" et "bruit" utilisés successivement au singulier et au pluriel. La nuance est riche : - Les "silences", c'est ce qu'on omet plus ou moins volontairement de dire. [...]
[...] Oreste trouve très "intéressant" le discours des prétendues petites filles, alors que le jardinier n'y voit que des "histoires stupides". Cette divergence nous renseigne sur la personnalité des deux hommes. Oreste qui va devenir lui même indirectement un agent du Destin ne peut être qu'intéressé par ce que disent les fillettes. Mais il ne sait pas avec certitude qu'elles sont les Euménides. Le jardinier, homme simple, n'a pas la subtilité du fils d'Agamemnon et ne comprend rien à leur parole, à moins qu'il ne comprenne que trop bien les sombres présages qu ‘elles contiennent et ne les qualifie de stupides que pour exorciser l'inquiétude qu'elles lui inspirent. [...]
[...] Il s'agit des éléments eux-mêmes fort vagues ("silence", "bruit") ou apparemment anodins tels que "l'araignée sur son fil" à moins bien sûr d'interpréter ce dernier élément ainsi que "minuit" et la couleur "rouge" comme des signes magiques, des présages Les présages Dans l'antiquité, on croyait fermement aux signes qui préfigurent l'avenir. L'image de l'araignée fait songer au proverbe "araignée du soir, espoir ; araignée du matin, chagrin". Minuit est la frontière entre le bon augure (=présage) et le mauvais augure que représente l'insecte selon le moment de la journée. [...]
[...] C'est ainsi que pour Clytemnestre, tout ce qui est rouge évoque le sang. Ironie finale : ce fond de teint rouge dont elle de farde pour redonner l'éclat de la vie à son visage, devient par retournement un symbole de la mort qui va fondre en elle : elle se met du sang. Après avoir récité le destin de Clytemnestre, les petites filles vont réciter celui d'Electre. On voit donc que leur fonction dans la pièce est de révéler la vérité intime des personnages, leurs pensées secrètes. [...]
[...] Lecture analytique Electre de Jean Giraudoux Le récitatif des petites filles ID FDL : 416 Electre de Jean Giraudoux Le récitatif des petites filles Sommaire : I. Une récitation poétique Les procédés poétiques et rhétoriques Les commentaires II. Le destin en marche Une atmosphère angoissante Les présages Travail : I. Une récitation poétique Porte-parole du destin, ces "petites filles" affirment ne pas savoir d'avance et inventer à mesure. Leur récitation sur Clytemnestre est une sorte de cantate à trois voix avec un enchaînement de répliques, de questions et de réponses. [...]
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