Écrivain et scénariste français du XXème siècle, Jean Giono s'est inspiré de sa Provence natale et de ses visions de la Grèce antique pour influencer son oeuvre romanesque et dépeindre la condition de l'homme dans le monde, face aux questions morales et métaphysiques, lui donnant ainsi une portée universelle.
Publié en 1947, Un Roi sans divertissement concrétise un net changement d'orientation et de ton dans l'oeuvre de l'auteur. Ainsi, parce qu'il fut emprisonné pour suspicion de collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale, le lyrisme des premiers romans s'estompe au profit de l'ironie et de l'humour. Le titre du roman renvoie à la phrase qui le clôt et que Giono emprunte aux Pensées de Pascal : "Un roi sans divertissement est un homme plein de misères", indiquant l'interrogation moraliste de l'auteur qui veut montrer que, pour sortir de son ennui existentiel par le divertissement, l'homme peut aller jusqu'à la fascination du Mal.
Véritable "accroche" du thème central du roman, le divertissement, cet extrait présente un souvenir qui a marqué le narrateur grâce à Madame Tim, nom familier donné par les villageois à l'épouse du châtelain de Saint-Baudille, grand-mère émérite et personnage extraordinaire qui organisait des fêtes pour ses petits-enfants. Le romancier donne à son personnage une dimension mythique susceptible de fasciner toute une région et qui propose un divertissement de choix.
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Durant tout l'extrait, Madame Tim est un personnage qui ne passe pas inaperçu, ainsi
que l'indiquent les expressions vestimentaires qui la mettent en valeur : "vêtue à l'opulente" (ligne 19), "énormes" (ligne 19), "le long de son corps" (ligne 20), "Elle avait du corsage" (ligne 21) surenchérit par des "jabots de linon".
De plus, véritable personnage central, elle rayonne par ses activités et cristallise son entourage, comme en attestent les nombreuses indications de lieu : "autour d'elle" (ligne 20), "au milieu de" (ligne 21), "autour d'elle" (ligne 23), "au milieu d'un" (ligne 25), "à droite" (ligne 27), "à gauche" (ligne 28) (...)
[...] L'aînée à elle seule en avait six. Le messager de Mme Tim avait toujours l'ordre de faire le tour des trois ménages et de tout ramasser. C'étaient, alors, des fêtes à n'en plus finir : des goûters dans le labyrinthe de buis1 ; des promenades à dos de mulets dans le parc ; des jeux sur les terrasses et, en 10 cas de pluie, pour calmer le fourmillement de jambes de tout ce petit monde, des sortes de bamboulas2 dans les grands combles3 du château dont les planchers grondaient alors de courses et de sauts , comme un lointain tonnerre. [...]
[...] - la permanence, avec : .de nombreuses indications de temps et de durée : À chaque instant (ligne la répétition de l'adverbe toujours (lignes 6 et à n'en plus finir (ligne . une idée de perpétuelle agitation : qui descendaient (ligne qui montaient (ligne de courses et de sauts (ligne qui se plissaient et se déplissaient autour d'elle (ligne 20) - la précision de la description, révélatrice à elle seule de l'importance qu'a eu la fête pour le narrateur. Elle est d'emblée suggérée par la répétition du lieu Saint-Baudille (lignes 3 et puis majorée par les différentes parenthèses donnant des indications sur les références évoquées (dont la route passait en bordure d'un coin de parc, lignes 13-14 ; qui était le fils Onésiphore de Prébois, ligne 27 ; qui était la petite fille de la vieille Nanette d'Avers, lignes 28-29) et les différents compléments de nom qui livrent au lecteur des renseignements sur les activités qui se déroulaient au château (dans le labyrinthe de buis, ligne 8 ; à dos de mulets dans le parc, ligne 9 ; sur les terrasses, lignes 9 ; dans les combles du château, ligne 11 Un narrateur envieux L'admiration du narrateur est telle qu'elle finit par faire entendre que ce dernier aurait souhaité participer à ces fêtes organisées par Mme Tim. [...]
[...] Cette évocation minutieuse et précise de ce souvenir ludique du narrateur suggère déjà que le divertissement, thème majeur du roman, est nécessaire en toute saison. De fait, Langlois ne dédaigne pas celui qui a lieu en été à Saint- Baudille. Pourtant, c'est avec l'hiver et son paysage figé par un manteau neigeux, qu'il ressentira la puissance de l'ennui et le besoin de divertissement, au point de penser à y remédier par celui du meurtre, mais d'opter finalement pour le suicide. [...]
[...] Le romancier donne à son personnage une dimension mythique susceptible de fasciner toute une région et qui propose un divertissement de choix. L'évocation d'un personnage fascinant Une maîtresse-femme - Une femme admirable Durant tout l'extrait, Madame Tim est un personnage qui ne passe pas inaperçu, ainsi que l'indiquent les expressions vestimentaires qui la mettent en valeur : vêtue à l'opulente (ligne énormes (ligne le long de son corps (ligne Elle avait du corsage (ligne 21) surenchérit par des jabots de linon. [...]
[...] - Une dirigeante et une commandante À l'évidence, cet extrait présente Madame Tim comme une femme très entourée. De fait, on relève une multitude de personnages à son service (le messager, lignes 4 et 6 ; des cargaisons de nourrices, ligne 5 ; les nourrices, ligne 23 ; un laquais, ligne 27 ; une domestique femme, ligne 28) et la métaphore fruitière filée du raisin (cuve, grappe, giclaient, lignes 22-23) témoignant du centre d'intérêt qu'elle représente pour les enfants. Elle apparaît comme le maître d'œuvre de fêtes à n'en plus finir (ligne et de nombreux amusements (ligne activités accréditées par : - la métaphore militaire du tambour-major (ligne 17-18), appuyée par l'expression l'ordre de (ligne 6). [...]
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