Lecture analytique d'un extrait consacré au ruisseau Gaudissart tiré de Regaine de Jean Giono.
[...] Le cours d'eau se voit donc attribuer "tête" et "queue" par le jeu des métaphores, extrémités que l'on "tire" (le verbe est répété deux fois) vers la "plaine" et vers le "plateau". L'impression d'étirement est marquée avec netteté dans ce premier paragraphe par le système d'oppositions. Les autres comparaisons évoquent quant à elles la nuance dans la matière. La souplesse du Gaudissart s'affirme : on passe du rapprochement minéral au charnel, puis de la chair au tissu. En effet, il est devenu "soie" et "foulard". La texture "tout en luisance permet de rappeler l'aspect lumineux de l'eau, mais ce qui importe ici, c'est la légèreté du ruisseau devenu foulard soyeux. [...]
[...] Commentaire : I - Les variations d'aspect du ruisseau. Il s'agit de la description d'un ruisseau, appelé Gaudissart, mais l'évocation du Cours d'eau en tant que tel n'est explicite qu'une seule fois. L'écriture est à ce point concentrée sur la recherche de " l'impression " que l'élément naturel décrit, semble se métamorphoser sous la plume de l'auteur. D'ailleurs, le ruisseau est désigné par le pronom comme s'il cessait petit à petit d'être identifiable. L'attention portée à la description est perceptible dans le jeu des variations d'aspect. [...]
[...] "On commence à mieux y voir" et "dans la direction du jour", l'apparence du ruisseau s'altère. Il est vrai que ce qui est perçu est d'abord dépendant des lumières et que le cours d'eau frappe le regard par ses changements de teintes. Afin de suggérer les éclats variables de l'eau, le narrateur multiplie les comparaisons, qui se répondent parce qu'elles renvoient à quelque chose de métallique. Ainsi "un coin de fer", "une rigole de schiste bien polie" et "les raies luisantes comme des flèches" évoquent les reflets argentés de la rivière qui surgit de l'ombre, enfoncée dans la colline et dans la " rigole". [...]
[...] II - L'évocation de la course dynamique. Dans le premier paragraphe, il est déjà question de la vitesse avec laquelle le ruisseau glisse du "plateau " aux "plaines". " l file à toute allure" et les zébrures argentées passent comme "des flèches". Dans le second paragraphe, c'est le bond qui retire toute l'attention. Le mouvement est alors contraire a ce qui précédait : le ruisseau, à mesure que la description progressait, semblait gagner en légèreté et en souplesse. Plus aérien, il paraissait plus fragile. [...]
[...] Il y a trois sauts. Chaque étape est signalée par un adverbe : "d'abord", "et alors", Le premier est timoré et prudent, puisqu'il s'agit " d'un petit saut d'enfant La personnification permet d'insister sur l'aspect inoffensif du cours d'eau, qui entreprend une descente mesurée. Le second saut permet de s'affaisser "dans une épaisseur de six mètres d'air" auxquels s'ajoutent les vingt mètres de glissade. Enfin. Le Gaudissart s'effondre vers le Soubeyran. La chute n'est donc plus rectiligne, elle est fragmentée, et chaque étape permet d'accroître la force du torrent. [...]
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