André Gide, "Les Faux-monnayeurs" : Troisième partie, Chapitre 5

Résumé du document

Analyse littéraire (niveau Lycée) du cinquième chapitre de la partie III du roman d'André Gide Les Faux-monnayeurs.

Extraits

[...] INTRODUCTION Les Faux-Monnayeurs est le titre d'un roman écrit par André Gide en 1925. L'auteur dira de cette œuvre que c'est le seul roman qu'il ait jamais écrit. Ce roman est considéré comme l'un des plus importants du XXème siècle, précurseur du mouvement littéraire Le Nouveau Roman. L'action de cette troisième partie des Faux-Monnayeurs se situe à Paris, l'été, après les grandes vacances. Au chapitre Olivier attend Bernard à la sortie du bac, il s'agit donc de retrouvailles entre les deux amis ; cette conversation porte sur le thème de la composition française. [...]

[...] Lorsqu'il en propose une représentation concrète (machine), il en commente même la formulation : ça c'est de la poésie Ce qui intéresse Bernard, c'est le plaisir du discours, c'est la stylisation du langage comme le montre le rythme ternaire : que son front, son regard, ses lèvres Bernard met avant tout des idées et sa démonstration part d'une situation concrète (son amour pour Laura) pour aboutir à une situation imaginaire : le suicide mis en lumière par une œuvre fictive (Les frères Karamazov). Olivier, en revanche, va prendre mot pour mot son ami et donner à ses paroles une application réelle : sa tentative de suicide au chapitre IX CONCLUSION Sous couvert d'exprimer ses sentiments pour Laura, Bernard, l'intellectuel, s'écoute parler et se lance dans un discours théorique où le langage sert à parader alors que pour Olivier, le langage est pris au pied de la lettre. Le discours de Bernard aura des répercussions dramatiques. [...]

[...] La conversation des deux jeunes gens prend la forme d'une confidence au début : c'est bien parce que c'est toi ; cette relation prend la forme d'une confidence mais il y a déjà une inégalité qui apparaît par l'hésitation d'Olivier craintivement et le ton condescendant de Bernard. La discussion accentue bien le déséquilibre entre les deux amis, ce déséquilibre se manifeste aussi par une opposition : rayonnement le ciel s'assombrit (Obscurité pour Olivier Luminosité pour Bernard) III La vérité La vérité est hors du langage. Il ne jouit pas du même statut chez les deux personnages. [...]

[...] Bernard ne reconnaît plus son ami, il se trouve même agacé par sa nouvelle tenue et sa nouvelle personnalité qu'il affiche. La discussion s'oriente vers les thèmes de l'amour et de l'amitié, là encore les deux jeunes gens ont du mal à s'entendre ; Olivier lance une question sur les sentiments qu'éprouvent Bernard envers Laura. I L'idéalisation des sentiments amoureux Au début de sa réponse à la question d'Olivier, Bernard fait état d'un sentiment radical le concernant : Je n'ai plus de désir du tout Il oppose son moi d'avant qui avait un intérêt pour toutes les femmes à son moi d'aujourd'hui qui s'oriente vers un amour unique On le voit bien en train de sonder son intériorité : Je sens en moi ; Il se passe en moi Mais il ne parvient pas à caractériser avec précision la métamorphose en lui, qui se manifeste pas des termes tels : vague ; bizarre ; le recours à des analogies : machine ; Dimitri Karamazov ; et la difficulté à trouver les mots justes (nombreux points de suspension). [...]

[...] On a ici une sacralisation de l'amour envers Laura, on le voit bien par toutes les tournures restrictives : je n'ai plus que ; je ne puis plus être ; je ne pourrai jamais ; qui confère à cet amour une dimension absolue, un sentiment exclusif par la tournure symbolique qui la désigne : d'autre front que le sien ; une autre forme de beauté Bernard a bien élu Laura et la distingue des autres femmes. II Un discours paradoxal L'amour idéalisé par Bernard ne se vit que dans la solitude, les figures auxquels il fait référence sont des figures d'abnégation et d'isolement (chartreux, soldat). Ces modèles sont associés à des modèles masculins, on est bien dans le topos amoureux. Bernard n'affirme n'avoir plus aucun désir mais il fait état d'une turbulence intérieure qui s'apparente justement au désir. [...]