[...]
Au début de l'extrait, l'auteur blâme le personnage de Bernard en répétant l'adverbe d'intensité "trop" (l.5, 22, 26, 28, 30, 31) pour vivement critiquer son caractère "excessif" (l.11). Avec l'aphorisme au présent de vérité générale "les sentiments neufs ne se coulent pas volontiers dans les formes apprises" (l.29, 30), Gide affirme que la résistance suppose de se défaire d'un carcan traditionnel, de s'émanciper. Il accuse Bernard de vivre sur ses acquis, "les formes apprises" (l.29, 30) et de trop s'appuyer sur la théorie, les "livres" (l.33) qu'il oppose à "la vie" (l.34). Son savoir est fragile, lui qui "parle bien" (l.27) en viendrait "à bégayer" (l.32) s'il construisait sa propre pensée.
Cependant, la conjonction de coordination d'opposition "mais" (l.23, 26) marque une transition dans le portrait de Bernard. L'auteur cherche alors à en faire l'éloge. A cette fin, il emploie de nombreux termes laudatifs "générosité" (l.24), "virilité" (l.25), "force" (l.25) et "c'est un très bon élève" (l.28) pour ainsi lui accorder de grandes qualités. Sa clémence lui semble nécessaire "il faut lui faire encore crédit" (l23/24), l'adverbe "encore" étant là soit pour souligner que ce n'est pas la première fois qu'il en fait preuve soit qu'il veut bien être indulgent pendant quelques temps encore (...)
[...] On ne peut être en rébellion permanente sans se parjurer. Cette évolution de Bernard est à mettre en parallèle avec le champ lexical du mouvement se ralentit (l.3, élan neuf précipiter son cours (l.4, 5). Transition : Cette gradation ascendante prouve l'urgence de faire une pause pour une mise au point avant que l'histoire (l.3) ne s'accélère, comme si l'auteur allait en perdre le fil et subir les événements plutôt que de les écrire. II) Une pause réflexive Un bilan à mi-parcours L'auteur nous invite à observer Bernard comme le souligne le champ lexical de l'analyse examiner observer vu je notais ce que je pensais de lui (l.10) et juger (l.12). [...]
[...] En 1926, il publie Les Faux-Monnayeurs, une œuvre complexe dont nous allons étudier un passage du chapitre 7 lors duquel l'auteur se compare à un voyageur qui s'arrête pour réfléchir au chemin parcouru. Puis, il y exprime son irritation contre Edouard et réaffirme avec ses propres mots l'aphorisme l'enfer est pavé de bonnes intentions En quoi, dans le passage qui suit, Gide revisite-t- il les rapports entre auteur et personnage ? Nous verrons tout d'abord que le portrait qu'il dresse du protagoniste est atypique puis qu'il nous livre une pause réflexive. [...]
[...] Conclusion Gide revisite les relations entre auteur et personnages en constatant, étonné, son évolution qui en a fait un être brillant mais excessif au savoir trop peu empirique. Le romancier fait à mi-parcours un bilan délibérément modéré qui lui sert de prétexte pour nous livrer sa vision du roman moderne où les personnages se construisent, se déconstruisent et se reconstruisent au fur et à mesure que le roman s'écrit. Rien n'est figé, la réflexion du lecteur est sollicitée. Gide ne veut pas d'un lecteur paresseux, c'est ce qu'il écrit dans Le Journal des Faux-Monnayeurs, le 25 mars 1925. [...]
[...] Sa clémence lui semble nécessaire il faut lui faire encore crédit (l23/24), l'adverbe encore étant là soit pour souligner que ce n'est pas la première fois qu'il en fait preuve soit qu'il veut bien être indulgent pendant quelques temps encore. L'évolution du personnage attestée par son auteur Le champ lexical de la transformation changer modifier ce que je pensais de lui précédemment (l.10) révèle l'évolution du personnage de Bernard. Au début, dans l'oppression de sa famille (l.16), il végétait. Son geste (l.11), celui de découvrir la lettre lui révélant sa bâtardise, a symbolisé son éveil à la lutte que souligne le champ lexical de la rébellion anarchie (l.14), réaction (l.17), protestation (l.17), opposition (l.18), révolte (l.18, se révolter (l.19). [...]
[...] Une vision moderne du roman Gide a une vision très moderne du roman. Il semble prendre Bernard pour une personne réelle comme s'il avait sa vie propre et qu'il imposait ses actions à l'auteur à tel point que ce dernier paraît être surpris par ce qu'il est devenu j'aurai du me méfier (l.11). Le chiasme qui résume cette relation (l.20, qui m'ait davantage déçu [ ] qui m'eut fait espérer davantage insiste sur sa déception d'autant plus grande qu'il attendait beaucoup de son héros. [...]
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