"Germinal" d'Emile Zola, cinquième partie, cinquième chapitre

Résumé du document

Emile Zola, né en 1840, est l'un des plus grands écrivains français du XIXe siècle, il est le chef de file du mouvement naturaliste. Il compose le cycle des Rougon Macquart, l'histoire d'une famille qui est poursuivie par des tares telles que l'alcoolisme ou l'adultère. Germinal raconte les périples d'un des derniers enfants de cette famille, Etienne Lantier, grâce à qui on découvre l'univers cruel des mineurs. Ces derniers, dans ce cinquième chapitre de la cinquième partie, sont en grève depuis six semaines. Des bourgeois surpris par ce défilé d'enragés se cachent dans une grange. C'est par le témoignage de ces bourgeois que ce défilé nous est décrit.
Ainsi, nous verrons dans quelle mesure cette page naturaliste se veut être une description réaliste et cauchemardesque d'un peuple révolté soulevant des enjeux politiques.

Extraits

[...] La description part d'un plan général à un plan restreint, il y a comme un effet de zoom. Ainsi dans un premier temps, nous avons la description par accumulation des femmes, de milliers de femmes Ces femmes qui se trouvent en tête du défilé, peut-être pour qu'on n'hésite plus à tirer sur elles, ont perdu toute leur pudeur et beauté à cause de la misère. Elles sont caractérisées par la nudité montrant la peau nue des nudités de femelles Un chiasme renforce d'ailleurs cette caractéristique de nudité "des femmes montrant leur peau nue, des nudités de femmes." Les cheveux sont en désordre cheveux épars, dépeignés par la course ; en outre, ajoutons que les femmes à cette époque cachaient leurs cheveux par un chapeau, ou un bonnet sinon elles étaient considérées comme des femmes de mauvaise vie. [...]

[...] C'est pourquoi on peut constater une amplification à la dernière ligne avec le grand cri Le peuple a faim et réclame du pain qui est un élément de base dans la société française. La gradation du cri se fait dans le sens où ce cri domine la Marseillaise ; mais également du fait qu'il est répété ici à trois reprises ; "Du pain ! Du pain ! Du pain C'est le motif de la révolte. Par conséquent, cette vision de cauchemar a pour objectif de susciter une prise de conscience sur un peuple en difficulté, puisque l'exploitation du peuple et sa trop grande misère ne peuvent qu'entraîner l'écroulement de la civilisation dans un bain de sang. [...]

[...] Parmi cette masse de femmes se détache un autre groupe de femmes appelées les vieilles affreuses elles peuvent être considérées par cette description comme étant des sorcières ou des harpies. Les vieilles aussi sont violentes. On peut le souligner avec cette hyperbole les cordes de leur cou ressortent tellement qu'elles hurlent». Ce groupe de femmes nous fait penser à l'allégorie de la Marseillaise de Rude, habillée en guerrière, elles semblent hurler la colère et la douleur. Tous ces éléments ont pour effet de nous montrer selon la vision du narrateur et des bourgeois une scène très mouvementée. [...]

[...] Enfin, nous étudierons, l'enjeu politique et symbolique de cette page réaliste. En étudiant les deux premiers paragraphes de cet extrait, on constate deux observations. La première vision est celle du narrateur qui est omniscient. On retrouve cette observation dite focalisation zéro, de la ligne 1 à la ligne 19. La seconde observation est celle des spectateurs bourgeois cachés dans une grange, qui nous décrivent selon leur vision et leur peur, un peuple animalisé qui défile dans les rues de Paris. [...]

[...] Mais ce peuple peut être vu comme magnifié par son aspect épique, mythique et pictural et par la cause de cette révolte. Ainsi, nous analyserons dans notre dernière partie cet extrait comme étant une page politique et réaliste de la révolte des hommes pour améliorer leurs conditions de vie. L'idée politique s'exprime dans cet extrait avec les thèmes de la révolte ; les mineurs et femmes de mineurs sont dénaturés par leurs conditions de vie, par la misère. La révolte politique devient réelle à travers la colère et les expressions de vengeance contre la classe sociale des bourgeois. [...]