"Fantaisie" a d'abord été publié en 1832 dans les Annales romantiques, en 1834 il fait partie du recueil Odelettes. Nerval l'a repris dans Petits châteaux de Bohème en 1852 sous le même titre de chapitre : Odelettes. Le mot-titre de "fantaisie" a connu une grande popularité à partir de l'époque romantique ; et ce en littérature comme en musique classique. Dans ce poème, composé de quatre quatrains décasyllabiques, la musique joue par ailleurs un rôle déterminant. Quand Nerval est conduit par les réminiscences d'une vie antérieure à dépeindre un paysage romantique et naïf, c'est la musique qui provoque cette évocation d'un temps passé ; cette dernière apparaît alors à la fois comme thème -en ce sens que Nerval écrit sur son sujet- mais aussi comme principe d'écriture, qui détermine la forme du texte, la musicalité y étant particulièrement travaillée. Mais outre cette musicalité, c'est un univers entier, mélancolique et onirique, fait de syncrétisme et d'alliances -par exemple entre le présent et les temps anciens- qui se dévoile ici dans toute sa poéticité.
[...] -Le syncrétisme de Nerval est ici manifeste, dans les associations et assimilations entre passé et présent, biographique et historique, mythologie et ésotérisme. Ce mélange permet l'émergence d'une intuition de la vie antérieure, clairement évoquée cette fois. On peut noter une nouvelle référence pythagoricienne. "dans une autre existence peut-être" (v.15) -C'est une strophe faite d'appositions, où le rythme est saccadé et très rapide, les images se succèdent comme celles de réminiscences d'une vie passée. Des ruptures de construction se font jour : la place du verbe est retardée par la ponctuation et intégré dans une exclamative : "J'ai déjà vue . [...]
[...] Ce poème comporte en outre des rimes internes, assonantes et allitératives : par exemple, le son de (v.1) se retrouve deux fois dans “Rossini” puis dans “languissant” (v.3) et dans (v.4). Le son de ‘languissant” se retrouve au vers suivant dans -Cet air apparaît désuet, d'un autre âge : "très vieux, languissant et funèbre" (v.3) Cela nous amène à penser que les chansons folkloriques ont pour Nerval un caractère mélancolique. "Funèbre" souligne ici le pouvoir évocateur de cette vie antérieure dont la mort est la porte, qui apparaît à partir de la deuxième strophe. [...]
[...] Par ailleurs, l'emploi du pluriel permet de conserver la double interprétation : attraits et magie d'une musique qui agit sur le poète. II-Un envoûtement qui engendre une vision, une résurgence du passé -Cet envoûtement se réalise "chaque fois qu'[il] vient à l'entendre" (v.5) Le poète est saisi malgré lui, le verbe "entendre" marque une certaine passivité (par opposition au verbe “écouter”). C'est la musique qui est à l'origine d'un surgissement du passé, et cela de façon récurrente, sans jamais perdre de son pouvoir ("chaque fois"). [...]
[...] -Ce souvenir semble être tout d'abord incertain : "je crois voir" (v.7) renoue avec le titre. Mais on est ensuite surpris de la précision avec laquelle la vision est organisée : le paysage dans son ensemble, puis le château (avec nombre de détails architecturaux), enfin la dame (dont le physique est précisément décrit). Le thème du château est récurrent chez Nerval, issu sans doute du souvenir (on rappellera qu'il y a beaucoup de châteaux dans le Valois) Peut-être ce thème est-il aussi symbolique lieu historique, là où le passé demeure vivant ? [...]
[...] Nerval l'a repris dans Petits châteaux de Bohème en 1852 sous le même titre de chapitre : Odelettes. Le mot-titre de "fantaisie" a connu une grande popularité à partir de l'époque romantique ; et ce, en littérature comme en musique classique. Dans ce poème, composé de quatre quatrains décasyllabiques, la musique joue par ailleurs un rôle déterminant. Quand Nerval est conduit par les réminiscences d'une vie antérieure à dépeindre un paysage romantique et naïf, c'est la musique qui provoque cette évocation d'un temps passé ; cette dernière apparaît alors à la fois comme thème -en ce sens que Nerval écrit sur son sujet—, mais aussi comme principe d'écriture, qui détermine la forme du texte, la musicalité y étant particulièrement travaillée. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture