- Après la découverte du recueil
[...] Cette fable, sans doute inspirée d'un fait réel, lui permet déboucher sur une morale. Ce poème-narration conduit efficacement ses jeux d'oppositions d'où la signification se dégage d'elle-même dans le dernier paragraphe. Ce texte donne au poète l'occasion de jeter sur le genre humain un regard très pessimiste. La misère et la faim, fléaux bien réels au XIX ème siècle, entraînent des luttes fratricides pour un simple morceau de pain blanc. [...]
[...] Lecture Le Gâteau Je voyageais. Le paysage au milieu duquel j'étais placé était d'une grandeur et d'une noblesse irrésistibles. Il en passa sans doute en ce moment quelque chose dans mon âme. Mes pensées voltigeaient avec une légèreté égale à celle de l'atmosphère; les passions vulgaires, telles que la haine et l'amour profane, m'apparaissaient maintenant aussi éloignées que les nuées qui défilaient au fond des abîmes sous mes pieds; mon âme me semblait aussi vaste et aussi pure que la coupole du ciel dont j'étais enveloppé; le souvenir des choses terrestres n'arrivait à mon coeur qu'affaibli et diminué, comme le son de la clochette des bestiaux imperceptibles qui paissaient loin, bien loin, sur le versant d'une autre montagne. [...]
[...] Ce décor idyllique incite le poète à épouser le point de vue de Rousseau. Mais ce décor si splendide a aussi pour fonction de faire ressortir avec plus de force les deux paragraphes suivants consacrés à l'évocation de l'enfance misérable. II/ Une lutte fratricide L'évocation de l'enfance malheureuse Afin de faire ressortir le scandale de l'enfance misérable au XIX ème siècle, le poète évoque un premier petit être qui surgit. Baudelaire a recours à des caractérisations déguenillé, noir, ébouriffé yeux creux, farouches et ( . [...]
[...] Le premier, exaspéré, empoigna le second par les cheveux; celui-ci lui saisit l'oreille avec les dents, et en cracha un petit morceau sanglant avec un superbe juron patois Le légitime propriétaire du gâteau essaya d'enfoncer ses petites griffes dans les yeux de l'usurpateur ; à son tour celui-ci appliqua toutes ses forces à étrangler son adversaire d'une main, pendant que de l'autre il tâchait de glisser dans sa poche le prix du combat. Mais, ravivé par le désespoir, le vaincu se redressa et fit rouler le vainqueur par terre d'un coup de tête dans l'estomac. A quoi bon décrire une lutte hideuse qui dura en vérité plus longtemps que leurs forces enfantines ne semblaient le promettre? [...]
[...] Le gâteau voyageait de main en main et changeait de poche à chaque instant; mais, hélas! il changeait aussi de volume; et lorsque enfin, exténués, haletants, sanglants, ils s'arrêtèrent par impossibilité de continuer, il n'y avait plus, à vrai dire, aucun sujet de bataille; le morceau de pain avait disparu, et il était éparpillé en miettes semblables aux grains de sable auxquels il était mêlé. Ce spectacle m'avait embrumé le paysage, et la joie calme où s'ébaudissait mon âme avant d'avoir vu ces petits hommes avait totalement disparu; j'en restai triste assez longtemps, me répétant sans cesse: "Il y a donc un pays superbe où le pain s'appelle du gâteau, friandise si rare qu'elle suffit pour engendrer une guerre parfaitement fratricide! [...]
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