"Gargantua", Rabelais - chapitre LV "L’abbaye de Thélème"

Résumé du document

Les humanistes, dans leur amour d'une culture héritée de l'antiquité, se souvenant peut-être de la République de Platon, et soucieux de « bien faire l'homme » placé au centre de leurs préoccupations, ont naturellement recours à l'utopie, genre littéraire crée par Thomas More en 1516, qui s'apparente à un récit ou à un apologue, construisant, à partir d'une critique du monde réel, un monde idéal. Ainsi, Rabelais imagine à la fin de son roman Gargantua, une utopie dans l'utopie, l'abbaye de Thélème donnée par Grand-Gousier à frère Jean en récompense de ses services rendus lors des guerres picrocholines.

Rabelais est issu d'un enseignement monastique, lui-même ayant suivi un début de carrière religieuse. Dans sa description de l'utopie, il montre cependant les séquelles de l'enseignement strict qu'il a reçu. L'obédience n'est absolument pas respectée ici. La chasteté sexuelle est respectée dans l'enceinte du couvent, mais pas la chasteté sentimentale : il est questions de relations amoureuses ici. La noblesse incarnée par les jeunes gens montre que la pauvreté n'est pas respectée non plus.

Extraits

[...] La vie communautaire peut-être pesante au bout d'un certain temps, et Rabelais dénonce là un certain conformisme qui limite la créativité de chacun. D'autre part, cette utopie est assez élitiste et aristocratique. Conclusion Ainsi, Thélème constitue à la fin du roman une véritable utopie humaniste, exprimant, en dehors de l'espace et du temps (malgré une référence aux châteaux de la Loire et à certaines activités du moyen-âge), un mode de vie libéral, raisonnable et communautaire, en somme idéal, qui tend naturellement vers le bien et reste perfectible par l'éducation. [...]

[...] Comment l'esprit de liberté caractéristique à l'Abbaye de Thélème se retrouve dans le texte Lexique de liberté - Adjectifs qualificatifs se rapportant à la liberté. - Liberté d'action : les gens libres franchement faictz ce que tu voudras Le lexique utilisé esquisse une abbaye laïque, qui trouve un écho dans la réalité avec la fondation d'abbayes similaire dans les années 1520 en France. Procédés syntaxiques - Utilisation de la négation : il s'agit de nier des éléments négatifs à l'aide de la simple syntaxe. [...]

[...] L'obédience n'est absolument pas respectée ici. La chasteté sexuelle est respectée dans l'enceinte du couvent, mais pas la chasteté sentimentale : il est questions de relations amoureuses ici. La noblesse incarnée par les jeunes gens montre que la pauvreté n'est pas respectée non plus. Le couvent ne présente pas de construction traditionnelle : il n'y a pas d'enceinte, pas de cloche. Les thélemites peuvent partir quand ils le souhaitent. L'irréalisme de l'utopie Rabelais semble malicieusement souligner que cette utopie est trop merveilleuse pour être réelle. [...]

[...] - Construction de simultanéité qui souligne que cette liberté est acceptée par tous : si -aient Temps utilisés - Imparfaits de description et d'habitude qui montrent que l'organisation de l'abbaye est naturellement établie. Le lecteur a l'impression que les règles sont banalisées. Le narrateur met en valeur la devise de Thélème : faictz ce que voudras lui donne un caractère sacré, car édictée par Gargantua qui est un prince, le futur roi dans le roman de Rabelais. Cette mise en valeur est rendue possible grâce aux caractères en italiques. [...]

[...] - Rabelais invite l'individu à se réaliser, par le biais d'un enseignement complet qui s'accompagne d'une ouverture sur le monde. Une utopie éducative - C'est un idéal humain qui nous est présenté, mais qui est naturellement perfectible. Les thélemites éprouvent le besoin de parfaire leur éducation déjà excellente (rappel du trivium médiéval). L'éducation est en grande partie littéraire dans ce lieu, et le développement de la sensibilité (activités artistiques : composition, musique, actes mulièvres) occupe une place importante ainsi que la pratique des langues vivantes. [...]