François Rabelais, "Gargantua", Chapitre 25, Comment un moine de Seuillé sauva l'enclos de l'abbaye du saccage des ennemis : commentaire

Résumé du document

François Rabelais est un auteur appartenant au courant humaniste de la renaissance. Il publie Gargantua en 1534, une oeuvre visant à être une satire de certains aspects de la société contemporaine de Rabelais tels que la guerre et la religion. Nous allons par la suite traiter ces deux sujets en analysant ce chapitre 25, situé au milieu de l'oeuvre, au moment où les troupes de Picrochole envahissent les terres de Grandgousier et attaquent l'enclos de l'abbaye de Seuillé. Ce chapitre a comme particularité l'absence de Gargantua (...)

Extraits

[...] Un autre thème présent dans le chapitre en relation avec la religion est celui des confessions, elle sont présentées comme un acte automatique, les prêtres s'amusaient à confesser l.145. privé du remords duquel elle devrait être accompagnée, et donc devenu inutile, n'ayant pas au delà de la formalité. Ceux-ci sont confessés et repentants, ils ont gagné leur pardon, il s'en vont au Paradis, aussi droit qu'un faucille et que le Chemin de Foix. l.120-122, (Autrefois foi, se prononçait Fé. Faye à été remplacé par Foix afin de traduire le jeu de mots Cette indication suit la critique de la pratique de la confession, en indiquant que ceux qui ont gagné le pardon , s'en vont au Paradis, mais par des chemins qui sont loin d'être droits : une faucille est courbée par définition et le chemin de Foix est également moins assuré que le Chemin de Foi. [...]

[...] Africanus, Germanicus), mais aussi pour représenter un attribut personnel (p.ex. Crassus, Pulchrus). Cet appellatif renverrait au fait que Frère Jean réduit en hachis, chair à pâté, ses ennemis ; attribut qui entre en contraste avec l'attendue religiosité d'un moine cloitré Frère Jean est décrit par un énumération, jeune, vigoureux, gaillard, joyeux, bien adroit, hardi, entreprenant, décidé, grand, maigre, beau débiteur de prières, bel expéditeur de messes. l29-l31, celle-ci en premier lieu semble valoriser ses qualités physiques, propres d'un héros, puis prend une tournure burlesque fort en gueule, le nez avantageux, pour enfin arriver à dévaloriser la moralité du personnage beau débiteur de prières, bel expédieur de messes Frère Jean est dépeint comme héros, notamment pour sa supériorité physique et son aspiration d'œuvrer en faveur de l'intérêt commun. [...]

[...] Rabelais explicite que la guerre est un acte inhumain par son énonciation active ; il nous fournit des clefs pour interpréter le passage en s'adressant directement au lecteur. «Croyez bien que c'était le plus horrible spectacle qu'on ait jamais vu (l.120). et renvoie à la prise de distance propre de l'ironie. Ironie qui réside sur le discours indirect libre propre de la chronique des événements, caractéristique structurelle de la chanson de gestes et du récit épique (genres présents dans la littérature antique ainsi que dans la littérature médiévale). [...]

[...] Si quelqu'un voulait se cacher Si un autre voulait se sauver en fuyant il lui réduisait la tête en miettes, il l'empalait par le fondement (l98-l107) Rabelais s'éloigne aussi de la croyance que la guerre est purement une fatalité. Pour cela, apostrophe le lecteur par Ce qui est un cas bien étonnant l.7 ce qui crée un effet de surprise. Mais aussi, grâce à la question rhétorique D'où vient cela, Messieurs ? Pensez-y, je vous prie. (l.12-l.13), démentit cette surprise et montre évidente la thèse adverse à la fatalité ; la causalité déterministe qui rend la guerre non seulement évitable mais aussi injustifiée par le manque de causes. [...]

[...] L'ironie réside dans le fait que les moines ont fait vœu de pauvreté et pourtant semblent avoir des richesses à protéger, ici dans le passage représentées par les vignes. Les systèmes protectifs utilisés par les moines sont inefficaces [Les moines] ne savaient à quel saint se vouer indice d'une situation désespérée. L'évocation d'un saint protecteur est présente aussi dans le combat, Les uns criaient : Sainte Barbe l.122-135, encore une fois une exagération cherchant à se moquer de la superstition Et mille autres bons petits saints l.135-136. [...]