Gargantua, Rabelais, savoir, plaisir, humour, connaissance, sagesse, épicurisme
Le nom de Rabelais est lié à la nourriture et à la boisson, l'adjectif « gargantuesque » illustre ce lieu commun. Il serait vain d'en prendre le contrepied, mais tout aussi vain d'en rester là. Les plaisirs de bouche semblent liés à deux autres composantes de la matière rabelaisienne, le rire et le savoir. Dans quelle mesure ? Le savoir fait-il les frais du rire quand on mange et quand on boit ? En est-il renforcé ?
[...] Avec le prologue et avec les banquets présents dans le roman, Rabelais se livre à des variations sur le Symposium de Platon. Comme chez Platon, il s'agit de délivrer des vérités24, mais de façon oblique. C - BOIRE ET MANGER DU DÉBUT À LA FIN À la fin du premier chapitre, on découvre un « long tombeau de bronze », on l'ouvre à un endroit marqué, « au-dessus d'un gobelet [gravé] à l'entour duquel était écrit en lettres étrusques : ICI L'ON BOIT {HIC BIBITUR}, [ils] trouvèrent neuf flacons en tel ordre qu'on range {assied} les quilles en Gascogne 25». [...]
[...] Les livres, en effet, confirment les leçons de choses que deviennent les repas. L'observation est l'auxiliaire de l'érudition. On retrouve la même pédagogie au chapitre 24. En plein air, Ponocrates et son élève font « la plus grande chère qu'ils peuv[ent] imaginer », ils « récit[ent] par c?ur quelques plaisants vers de l'Agriculture de Virgile et d'Hésiode, du Rustique de Politien [?]. » Surtout, ils vérifient par la pratique le savoir antique, celui de Pline et de Caton en la circonstance. En effet, « buvant à qui mieux mieux {d'autant} », ils vérifient si le vin n'est pas coupé d'eau : « En banquetant, [ils] séparaient l'eau du vin coupé {aigué}, comme l'enseigne Caton, De l'agriculture, et Pline, avec un gobelet de lierre [?] ». [...]
[...] Gargantua - Rabelais (1534) - En quoi les plaisirs de bouche (nourriture et vin) nourrissent-ils le rire et le savoir dans Gargantua ? Le nom de Rabelais est lié à la nourriture et à la boisson, l'adjectif « gargantuesque » illustre ce lieu commun. Il serait vain d'en prendre le contrepied, mais tout aussi vain d'en rester là. Les plaisirs de bouche semblent liés à deux autres composantes de la matière rabelaisienne, le rire et le savoir. Dans quelle mesure ? Le savoir fait-il les frais du rire quand on mange et quand on boit ? [...]
[...] Enfin, si une certaine modération dans les plaisirs de bouche apparaît, on constatera qu'elle reste exceptionnelle et que le narrateur, lui-même grand buveur et bon mangeur joue avec le savoir contenu dans son ?uvre. Il sait rendre la vérité énigmatique. I - Banquet et joyeuse convivialité. II - Nourriture et vin révélateurs comiques du vrai savoir. III - Les facéties savantes du narrateur-buveur. I - BANQUET ET JOYEUSE CONVIVIALITÉ A - RIRE, MANGER ET BOIRE ENSEMBLE Le roman commence vraiment avec un banquet campagnard, à la Saulaie, près de la Devinière, au cours duquel naît Gargantua. [...]
[...] En effet, Romain Menini22 rapproche les sonorités des deux noms, Alcibiade/Alcofribas : seuls le « e » et le « d » empêchent de parler d'anagramme. Leur comportement est également voisin, les deux personnages faisant une entrée fracassante dans la narration. Alors que les convives grecs sont sur le chemin de la sobriété, Alcibiade arrive ivre23 et, alors que le lecteur s'attend à lire une bonne histoire de géants, il est vigoureusement apostrophé par le narrateur qui le traite de buveur, lui-même se présentant comme amateur de vin. [...]
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