Gargantua, Rabelais, Frère Jean, littérature, roman, XVIe siècle
Au début des guerres picrocholines, l'abbaye de Seuillé est assaillie par les troupes du tyran qui pillent et tuent sur leur passage. Se heurtant à la bonne protection de l'abbaye, ils envahissent les vignes qui l'entourent et en ravagent le clos.
[...] En effet, la comparaison* « tous ahuris comme fondeurs de cloches » les présente comme stupides et sourds à ce qui se passe autour d'eux. Le texte fait entendre au discours direct* le chant grégorien dont la découpe de chaque syllabe sert de prétexte ici à ridiculiser leur latin que bien souvent les moines, ignorants, ne maîtrisaient pas. Sans compter que chanter « l'attaque des ennemis » au moment où l'ennemi attaque n'est pas la meilleure façon de s'en défendre. [...]
[...] Certes, on peut interpréter cela comme un élément burlesque* voire la satire* de l'ivrognerie des moines, mais il ne faut pas perdre de vue que la culture de la vigne correspondait à la fabrication du vin de messe. La proposition subordonnée relative* « sur lequel leur boisson de toute l'année était fondée » ne manque pourtant pas de faire sourire le lecteur. La préoccupation du moine de Seuillé manque de spiritualité. Il semble très attaché aux plaisirs terrestres, le vin en l'occurrence. [...]
[...] Là fut décrété qu'ils feraient une belle procession, renforcée de beaux sermons et litanies contra hostium insidias et beaux répons pro pace. La décision prise est évoquée par le verbe* « décréter » et prouve l'inadaptation totale de leurs décisions puisque ce ne sont que des réponses liturgiques relatives au chant, à la prière). L'ironie repose sur la répétition* de l'adjectif* « beau » pour qualifier la « procession », les « sermons et litanies » et les « répons ». [...]
[...] et se saisit de . ». Bien que burlesque* la scène prend une tournure sérieuse puisque l'on voit le moine quitter son habit religieux et détourner un symbole religieux en arme, comme pour se faire soldat de Dieu. Le bâton de croix est décrit grâce à un champ lexical* martial puisqu'il est fait « de cœur de cormier », bois dont on faisait des armes, que sa longueur est comparée* à celle d'une « lance », d'un maniement aisé puisque « tenant bien en main » et aux armoiries du roi de France puisque « parsemé de fleurs de lys ». [...]
[...] Du reste, clerc jusqu'aux dents en matière de bréviaire. Même étonnement du lecteur à la lecture de la dernière phrase introduite par la locution « du reste » qui achève le portrait en insistant avec la métaphore* « jusqu'aux dents » sur sa parfaite connaissance de son bréviaire. Or il a été présenté précédemment comme un moine expédiant ses obligations en matière de prière. Le débat opposant entre Frère Jean et le prieur Entendant le vacarme que faisaient les ennemis dans le clos de leur vigne, il sortit pour voir ce qu'ils faisaient. [...]
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