Gargantua prologue, François Rabelais 1534, commentaire de texte, littérature du 16e siècle, récit humoristique, pédagogie, métaphores, dimension herméneutique, oeuvre littéraire, allégories, comparaison, argumentation indirecte
Dans le prologue de "Gargantua", Rabelais continue, tout comme dans son "avis aux lecteurs", à s'adresser à nous à la deuxième personne du pluriel et à nous avertir sur ce que nous trouverons dans son récit. Toutefois, au ton humoristique de ce prologue s'ajoute une réflexion très sérieuse [on dirait plutôt une dimension herméneutique] : l'auteur nous explique par divers exemples qu'il ne faut pas nous arrêter aux apparences, mais plutôt chercher un sens profond à ces aventures joyeuses de Gargantua. En vrai pédagogue, il utilise des métaphores [pas que] variées et des exemples marquants à travers lesquels ses lecteurs pourront se reconnaître. La première métaphore qu'il utilise est celle du silène, au début du prologue. Notre passage se situe quelques lignes plus loin, à partir de "Car vous mesmes dictes que l'habit ne faict poinct le moine".
[...] La première métaphore qu'il utilise est celle du silène, au début du prologue. Notre passage se situe quelques lignes plus loin, à partir de « Car vous mesmes dictes que l'habit ne faict poinct le moine ». Ce prologue semble structuré en trois mouvements : 1er mouvement : de « Car vous mesmes dictes, que l'habit ne faict poinct le moine » à « ce que par adventure cuidiez dict en gayeté de cueur » : emploi d'un proverbe populaire comme argument d'autorité. [...]
[...] » (Avez-vous jamais débouché une bouteille : première question rhétorique de notre passage qui précède le juron « Caisgne » (chienne Comme pour le proverbe populaire (l'habit ne fait pas le moine), Rabelais s'adresse à nous en utilisant une comparaison d'ordre pratique, concrète (et populaire). De cette façon il est sûr que cette image nous sera familière et que nous pourrons mieux comprendre son affirmation. L'effort nécessaire pour ouvrir une bouteille et enfin obtenir son contenu (le vin) illustre bien cette idée que le lecteur ne peut accéder au meilleur de son livre (les savoirs) sans de gros efforts d'interprétation. Cette image de la bouteille (contenant) et du vin (contenu) nous rappelle bien celle du silène et de ses drogues. [...]
[...] Une argumentation indirecte Le premier mot de notre passage est un connecteur logique, « car » : on est bien dans un type de texte argumentatif. Rabelais cherche à nous convaincre que les apparences sont trompeuses, et utilise pour cela un proverbe populaire (tiré du latin médiéval) : « l'habit ne faict poinct le moine ». - les deux points qui suivent montrent cette volonté d'explication : Rabelais développe son raisonnement en commentant ce fameux proverbe à travers deux phrases aux constructions identiques (parallélisme syntaxique) : « et tel est qui ; et tel est qui ». [...]
[...] En outre, nous pouvons remarquer que, dans ce passage, Rabelais dresse indirectement le portrait de son lecteur idéal, qui ne se satisferait pas uniquement du sens littéral du texte, mais qui au contraire passerait du temps à méditer pour mieux saisir les sens cachés, la « substantificque mouelle » pleine de savoirs goûteux. Ainsi, l'humour dont toute l'œuvre est imprégnée se voit rangé au deuxième rang dans l'ordre d'importance de Rabelais, après l'instruction et la connaissance. Le prologue s'oppose donc, en quelque sorte, à « l'avis aux lecteurs » dans lequel l'auteur affirmait que son ultime but était de rendre ses lecteurs joyeux. La vraie volonté de Rabelais est de nous rendre savants. En effet, c'est selon lui (écrivain humaniste) la clé d'une société harmonieuse. [...]
[...] » : le déictique « icy » ainsi que le GN « le tiltre » nous indiquent que Rabelais évoque directement son œuvre. L'idée véhiculée par l'auteur est que le lecteur ne doit pas s'arrêter à l'aspect purement humoristique du récit, mais chercher dans chaque page un contenu plus sérieux, plus important (à l'opposé de l'adjectif « folastres »), - « Et posé le cas qu'au sens literal vous trouvez matieres assez joyeuses » : Rabelais émet l'hypothèse que son lecteur soit déjà très satisfait de l'apparence humoristique et n'éprouve pas le besoin d'aller plus loin dans sa réflexion. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture