L'extrait étudié se situe globalement au début du livre ; le titre du chapitre VI, dont il est issu, s'avère très programmatique et suggestif tout en attirant vivement la curiosité du lecteur : "Comment Gargantua naquit en façon bien étrange".
La naissance de Gargantua sera ainsi placée sous le signe du merveilleux, voire du fantastique.
Au début du chapitre VI est présenté un dialogue assez cocasse entre Gargamelle (mère de Gargantua) et son époux Grandgousier. C'est en plein milieu d'un repas que notre héros va ainsi pointer le bout de son nez (...)
[...] Rabelais joue plaisamment avec son lecteur Dans l'ultime phrase de l'extrait, le narrateur ne cherche même plus à argumenter plus ou moins rationnellement sa thèse (à savoir, bien sûr, que la naissance de son esprit Gargantua est crédible), et expédie en quelque sorte les lecteurs encore sceptiques : Lisez le 7e ( ) et ne m'en tabustez plus l'entendement ! Le texte finit ainsi en quelque sorte en queue de poisson In fine, tout cet échafaudage argumentatif repose sur des fondations bien fragiles, et s'avère en définitive être une illustration parfaite de la façon dont un argumentateur peut desservir sa thèse ! [...]
[...] Au début du chapitre VI est présenté un dialogue assez cocasse entre Gargamelle (mère de Gargantua) et son époux Grandgousier. C'est en plein milieu d'un repas que notre héros va ainsi pointer le bout de son nez Plan On peut distinguer 2 mouvements bien distincts dans cet épisode : le 1er mouvement narre la naissance de Gargantua à proprement parler, naissance riche en rebondissements, qui rompt avec un pacte de lecture réaliste (lignes 1 à 29) Dans le 2ème mouvement, de dimension argumentative et non plus narrative, l'étrange et facétieux narrateur prend la parole et s'adresse directement aux lectures éventuellement sceptiques, quant à cette merveilleuse naissance. [...]
[...] Ainsi, Rabelais suggère en filigrane à quel point ne pas accorder foi à cette naissance merveilleuse reviendrait à n'être pas sur la bonne voie pour la suite du libre. Sans doute l'objectif de Rabelais est-il ici d'inviter le lecteur au libre examen, à un retour sur soi fructueux L'argumentation proposée est cependant à bien des égards bancale : en effet, le narrateur suggère au fond que si c'est possible, alors c'est vrai ! Il recourt à un argument censé emporter l'adhésion de tous les bons chrétiens : de fait, à ses yeux, prétend-il, refuse de croire à cette naissance reviendrait tout bonnement à refuser de reconnaitre le pouvoir de Dieu lui-même ! [...]
[...] Chaque paragraphe est ainsi consacré à une étape du trajet de l'enfant, comme suit : - 1 : diarrhée de la mère - : resserrement des sphincters - 3 : dilatation de la matrice de Gargamelle et progrès de l'enfant - 4 : premier cri de Gargantua Inutile de préciser que cette mise en scène du corps est pour le moins inquiétante et angoissante : le corps humain apparaît de fait complètement monstrueux, il s'agit d'un ensemble purement organique, matériel. Les marqueurs temporels abondent, et ce dès l'ouverture de l'extrait : Peu de temps après Soudain L'emploi du passé simple permet la mise en évidence d'une série d'actions ponctuelles qui, de fait, vont se succéder à très vive allure. [...]
[...] L'affairement est immédiat, renforcé par les adverbes temporels : soudain virent à tas sages femmes de tous côtés A la ligne la conjonction Et en tête de phrase, souligne la rapidité d'action de l'entourage. S'ensuit un véritable gros plan sur les entrailles de Gargamelle ; le narrateur semble prendre un malin plaisir à insister sur le bas corporel, avec notamment l'expression par le bas quelques pellauderies assez de mauvais goût De plus, notre conteur énonce une série d'actions brèves et très découpées, pour le grand plaisir du lecteur ! [...]
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