C'est en partant d'un choix de catégorie d'objet, les chapeaux, que Rabelais décline les différentes matières et leur contact avec le corps de Gargantua. Une conclusion, un enseignement général est tiré de cette comparaison des différents torche-culs possibles par l'usage de l'adjectif « le meilleur » qui sous-entend que Gargantua doit faire un choix.
Ce choix se dirige vers le chapeau à longs poils qui symbolise ce contact direct entre un élément capillaire animal en lien avec l'intérieur même du corps de Gargantua : sa « matière fécale ». On remarque bien l'évolution de la structure même de l'énumération : les éléments cités sont des exemples dont Gargantua va choisir un particulier afin de développer sa relation avec celui-ci.
[...] Enfin, le torchecul l'oyzon est perçu comme une volupté mirificque Le vocabulaire faisant appel au touché se développe considérablement entre ces trois remarques que fait Gargantua de sa propre énumération des torcheculs. L'évolution de cet extrait est nette : nous passons de la progression de l'énumération vers des conclusions de plus en plus fournies et de plus en plus précises sur l'efficacité et la découverte d'un torchecul qui conviendrait à Gargantua. Un long paragraphe est utilisé pour vanter la volupté de l'oyzon, puis un enseignement encore plus général est tiré de la recherche d'un torchecul dans une satire cinglante. [...]
[...] Dans un second temps, voyons maintenant quelles sont les fonctions de torcheculs cités par Gargantua et pourquoi ils sont présents dans le discours. La première énumération de torcheculs possibles cite un couvrechief, un aureiller, ugne pantophle, une gibessiere, un panier Ce dernier torchecul cité est le plus improbable car c'est le seul de l'énumération à ne pas être en tissu, mais dans un matériau irritant, douloureux. Cette captation du lecteur par l'étonnement que ce dernier torchecul suscite marquerait comme une chute dans l'énumération. [...]
[...] Rabelais pour amener le lecteur à voir le monde tel que lui-même le voit est donc amené à métaphoriser la fiction en passant par le thème de la scatologie et du plaisir charnel pour évoquer à la toute fin du chapitre et relativement brièvement l'érudition intellectuelle comme se situant au même niveau que la recherche du confort charnel. Notons enfin que l'oyzon constitue une parodie d'un tableau de Michel- Ange représentant entre autres un cygne. Cet oiseau est un symbole de la charité. Cette même charité est un concept chrétien fondamental. [...]
[...] Cette énumération sonne comme étant sa propre négation car là encore Gargantua la nie en citant que parmi tous ceux-là, le meilleur torchecul en est un autre : l'oyzon bien dumeté mais pour que son utilisation soit concluante, il faut qu'on luy tienne la teste entre les jambes Nous observons encore une fois ce processus de phrase de conclusion, après une énumération qui met en rapport le torchecul et le corps de Gargantua. Une seconde partie est visible à partir du moment ou Gargantua jure au lecteur et à son père la véracité de son propos. On remarque une progression physique du mouvement du torchecul qui mime l'évolution du sens à apporter au texte. En effet, ce mouvement part du boyau culier jusqu'au cerveau. [...]
[...] Comme nous avons vu dans l'étude de la structure de l'extrait que Rabelais passait de l'observation, l'expérience aux conclusions nous pouvons donc dire que cette caractéristique de l'esthétique de l'auteur correspond bel et bien à l'extrait du chapitre. En outre, le dernier paragraphe fait clairement appel à une intertextualité destructrice. La béatitude des Heroes et semi- dieux ne provient pas de leurs exploits mythiques mais en ce qu'ilz se torchent le cul d'un oyzon La grandeur littéraire de ces héros est ici rabaissée à la vulgarité d'un enfant au stade anal. [...]
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