Gargantua chapitre VII, François Rabelais 1534, commentaire de texte, chiffres hyperboliques, provocation de l'ordre moral, système narratif, récit burlesque, Grandgousier, littérature du 16e siècle
Dans le chapitre précédent, nous apprenions que Grandgousier avait organisé un festin de tripes pour ses amis et voisins et que son épouse Gargamelle avait mangé tellement de tripes lors dudit festin qu'elle avait accouché inopinément par l'oreille. Dans ce chapitre VII, nous apprenons, comme le titre le résume lui-même, comment on attribua à cet enfant le nom de Gargantua et son plaisir exacerbé pour la boisson. Ces informations nous sont transmises de façon burlesque à travers le style d'écriture de Rabelais, comme nous allons le voir. D'autre part, nous retrouvons dans ce chapitre les thématiques récurrentes et qui sont chères à Rabelais du rire et de la boisson.
[...] Par ailleurs, Gargantua est né dans une ambiance de joie de vivre et de liberté, principes de l'humanisme. - « entendict le cry horrible que son filz avoit faict entrant en lumiere de ce monde, quand il brasmait demandant « à boyre, à boyre, à boyre », dont il dist, « que grand tu as », supple le gousier. » : contraste net entre les mots à connotation méliorative au début de la phrase et cette suite désagréable tant à l'oreille qu'à la compréhension. [...]
[...] En cherchant la substantifique moelle, le lecteur comprend que ce système narratif est là pour que Rabelais puisse nous informer sur des choses plus essentielles tout en nous faisant rire. Les expressions « par cy : par là » et l'adverbe « joyeusement » nous rappelle cette importance du comique dans le texte rabelaisien et le nom « troigne » qui se rapporte au visage agréable de l'enfant semble encore animaliser le personnage, le son provenant du mot « troigne » nous faisant penser au cochon. [...]
[...] Conclusion : La petite enfance extraordinaire de Gargantua permet à l'auteur d'exploiter tous ses objectifs d'écriture : faire rire le lecteur à travers un style d'écriture trivial et provocateur en n'oubliant pas de dénoncer les prétendus savants de son époque et en maintenant l'éloge des valeurs de l'humanisme au XVIe siècle. En gardant à l'esprit le prologue et la fameuse « substantifique moelle » qu'il nous incombe de trouver, le lecteur arrive finalement à déceler les critiques et les savoirs essentiels que Rabelais souhaite partager avec nous. [...]
[...] Ici, la qualité prêtée à Gargantua étant d'avoir un grand gosier pour hurler et boire à souhait, le comique est à son comble. Mais on peut aussi lire le fait d'avoir un grand gosier comme une qualité humaniste, puisque la boisson, le rire et la discussion savante passent toutes par ce fameux gosier - « A quoy fut condescendu par icelluy, et pleut très bien à sa mere. Et pour l'apaiser, luy donnerent à boyre à tyre larigot, et feut porté sus les fonts, et là baptisé comme est la coustume des bons christiens. [...]
[...] On remarque également que le personnage de Gargamelle est animalisé avec l'emploi du nom « mammelles » faisant référence à une vache laitière plutôt qu'à une femme. Comme on le verra à la suite du récit, ce personnage maternel n'a pas une grande importance dans l'œuvre de Rabelais. D'ailleurs, elle meurt sans que personne ne s'en attriste ouvertement et sa mort est évoquée en quelques mots expéditifs. - « Ce que n'est vraysemblable. Et a esté la proposition declairée mammallement scandaleuse, des pitoyables aureilles offensive : et sentent de loing heresie. [...]
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