Longtemps controversé, Rabelais possède désormais tous les privilèges du grand écrivain de part son nom, sa légende de "philosophe ivre" (cf Voltaire), son oeuvre lue et relue par un public toujours renouvelé et ses personnages si caractéristiques, ces géants si connus. Le chapitre IV de Gargantua met justement en scène deux d'entre eux, en l'occurrence Grandgousier et sa femme Gargamelle, c'est-à-dire les parents du personnage éponyme. Le titre "Comment Gargamelle estant grosse de Gargantua mangea grand planté de tripes" met en évidence, comme un avant-goût du texte, trois caractéristiques essentielles : celle de la nourriture, celle du gigantisme et celle de la parenté. Si Rabelais se délecte à l'écriture d'une telle page sans conteste fort amusante, ne cherche-t-il cependant qu'à divertir son lecteur ?
[...] Quant au terme "manière", il annonce un récit des circonstances. Le narrateur place la relation qu'il va faire de l'événement sous le gage de la vérité. Il cherche à prouver sa sincérité et veut être pris au sérieux par le lecteur. Cependant, l'anecdote est d'emblée présentée sous le mode comique car la portée de l'avertissement fait au lecteur est détournée du fait de l'allusion triviale. II - LES CIRCONSTANCES GENERALES DE L'INCIDENT La reprise du terme "fondement" insiste sur l'idée d'un phénomène récurrent. [...]
[...] Avec "dont fut conclud c'est l'annonce de la conséquence. L'avidité des personnages et leur volonté de ne pas faire de gaspillage sont notées par "ils les bauffreroient sans rien y perdre". Cette démesure des protagonistes contamine l'écriture comme le prouve l'énumération hyperbolique des gens conviés au repas. Cette liste de villageois indique une envie de partage puisque le plaisir pour Rabelais est avant tout collectif. Quant à la dénomination même des villageois, elle insiste sur leur penchant pour les plaisirs du vin, de la chair mais aussi de l'amitié comme l'accentue la répétition de l'adjectif "bons" qui s'applique également à Grandgousier, initiateur de cette invitation à la délectation. [...]
[...] Dans cet extrait de Gargantua de Rabelais, le comique est fondé sur l'excès notamment grâce au gigantisme. La démesure des héros contamine d'ailleurs l'écriture avec l'excès stylistique du boire et du manger, les énumérations et les hyperboles. Quant aux allusions scatologiques employées, elles ont pour but l'exagération, c'est-à-dire la caricature avec le grossissement du trait. De surcroît, l'évocation de l'extase divine côtoie irrévérencieusement les verres de vin. La religion était ce qu'il y avait de plus sérieux or elle est tournée en dérision. [...]
[...] Tout d'abord, nous verrons comment Rabelais introduit l'anecdote. Puis, nous étudierons les circonstances générales de l'incident arrivé à Gargamelle. Ensuite, nous analyserons la manière dont l'auteur procède pour dépeindre le dîner excessif que firent les géants. Enfin, nous nous attacherons à examiner la conclusion donnée à cette anecdote. I - UNE PHRASE INTRODUCTIVE QUI ANNONCE LE SUJET DE L'ANECDOTE Le terme "occasion" insiste sur le fait qu'il s'agit d'un jour particulier. Et en effet, il est marquant car c'est celui où Gargamelle donna naissance à Gargantua. [...]
[...] Grandgousier apparaît comme l'instigateur de cette bonne ripaille. Il dispense aussi bien les ordres que les victuailles : "et commendoit que tout allast par escuelles". Une restriction est insérée avec "toutefois" car Grandgousier incite sa femme à la prudence et fait appel à la raison. Cette recommandation est nécessaire, selon lui, vu l'état de sa compagne. Grandgousier ne veut effectivement pas qu'elle prenne des risques pour elle et sa progéniture. Ce souci se termine par un avertissement qui est présenté entre guillemets comme émanant directement de la bouche du géant. [...]
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