Ce passage se situe toujours au début du livre, il fait suite au chapitre 5 qui annonçait l'accouchement de Gargamelle en plein banquet de tripes. L'arrivée du héros éponyme est donc un moment très attendue par le lecteur. D'ailleurs le titre de ce chapitre 6 « Comment Gargantua naquit d'une façon bien étrange » s'avère très suggestif et attise dès lors la curiosité du lecteur.
[...] Cf au nourrisson une dimension épique et quasi héroïque. On remarque que l'ascendance se poursuit avec de nouveau la locution adverbiale « au-dessus des épaules ». Notons la présence de l'incise entre parenthèse « (où ladicte vene se part en deux ) » = valeur explicative, didactique = volonté d'explicitation, créer effet de vraisemblance. Témoigne de connaissances anatomiques précises. La fin de la phrase « print son chemin à gauche, et sortit par l'aureille senestre. » est intéressante car le détail de l'oreille gauche est révélateur. [...]
[...] C'est une argumentation très paradoxale. Enfin, remarquons la manière dont le narrateur s'adresse au locuteur : avec ton désinvolte "ne m'en tabustez plus l'entendement", "je ne m'en soucie" qui renforce la dimension comique et parodique Par conséquent, Rabelais va complètement à l'encontre des stratégies habituelles pour convaincre (arguments non démontrés, peu crédibles, d'autorité et paradoxaux) Parodie de la justification : Rabelais accumule des références livresques pour justifier la naissance grotesque de Gargantua, comme dans un discours relevant de la rhétorique. [...]
[...] Ce n'est pas surprenant de trouver ce vocabulaire technique sous la plume du « Rabelais-médecin ». par lesquelz sursaulta l'enfant, et entra en la vene creuse, et, gravant par le diaphragme jusques au dessus des espaules (où ladicte vene se part en deux), print son chemin à gauche, et sortit par l'aureille senestre. « par lesquels sursaulta l'enfant » : De nouveau même structure syntaxique : CC moyen + verbe + sujet. Apparait enfin le personnage de Gargantua (« l'enfant ») lequel effectue un mouvement ascendant (« sursauta »). [...]
[...] Notons ici aussi l'adjectif épithète « Sainte » qui qualifie la Bible, qui, comme dans la phrase précédente avec l'expression « Saincte Escripture », insiste sur le caractère sacré de l'œuvre religieuse = cf aspect burlesque. Ici Rabelais semble viser non pas le texte biblique original, mais plutôt les éditions de la Bible commentées par les théologiens. Mais, si le vouloir de Dieu tel eust esté, diriez vous qu'il ne l'eust peu faire? Toute puissance de Dieu avec présence verbe substantivé « le vouloir » De nouveau question oratoire à laquelle le lecteur croyant ne pourrait répondre négativement. Sorte de piège tendu. [...]
[...] On voit tte ici tte la poétique rabelaisienne. CONCLUSION Pour conclure, la naissance exceptionnel de Gargantua s'avère être véritablement une naissance héroïque, mythique voire miraculeuse. Mais elle apparaît également comme une naissance comique, grotesque et symbolique qui annonce, comme ds les romans de chevalerie les exploits futurs du héro. D'autre part, cette naissance fourni aussi à Rabelais l'occasion d'écrire un sermon profondément comique et à propos de la véritable nature de la foi chrétienne mais également un sermon satirique envers les théologiens de la Sorbonne. [...]
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