Gargantua, François Rabelais, le manoir des thélémites, texte linéaire, chapitre 55, description, écriture, Commentaire d'oeuvre, littérature, auteur, personnage, oeuvre, réalités du temps, observation
On sait que la fameuse abbaye de Thélème est offerte à Frère Jean comme récompense pour son aide lors de la guerre picrocholine. Au chapitre 53, le bâtiment a été décrit. Au chapitre 54 est reproduite l'inscription de la grande porte, qui interdit aux « hypocrites, bigots... », et autres fâcheux d'entrer. Le chapitre 55 poursuit la description du chapitre 53, mais sans se limiter au seul bâtiment, présenté comme luxueux. Le mode de vie des hommes et des femmes est l'objet d'un premier développement (il sera précisé dans le chapitre 57), relatif aux divertissements nobles. Jusqu'où Rabelais reflète-t-il la réalité de son temps dans ce tableau du manoir ? Le merveilleux imprègne-t-il l'utopie ? Dans ces pages descriptives, le sérieux domine, mais le rire n'en est pourtant pas complètement absent.
[...] Le Quatrième Livre donne une idée de ces peintures qui peuvent être mythologiques, représentant l'histoire de Philomèle et Progné : « Vous la pourrez voir en Thélème, à main gauche, entrant en la haute galerie » (chapitre 2). Si la collection des différentes cornes n'a rien d'étonnant pour les cerfs, les rhinocéros et les éléphants, deux éléments introduisent cependant de la fantaisie. Le premier est la licorne. À l'époque de Rabelais, son existence est rarement remise en question. Ce sera le cas, bien plus tard, dans la Cosmographie universelle d'André Thevet (1575). Mais on peut penser que Rabelais doute déjà de son existence. [...]
[...] Dans ces pages descriptives, le sérieux domine, mais le rire n'en est pourtant pas complètement absent. Les six paragraphes correspondent à six moments de la description. Après s'être arrêté sur la fontaine mythologique de la cour intérieure, le regard se porte sur les galeries de curiosités. Commence alors la mention des activités, essentiellement sportives, visibles depuis les appartements des dames. On revient, brièvement, à la description pure, avant de passer aux distractions des hommes, tir et chasse. Le dernier paragraphe, quant à lui, décrit le luxe et les conditions de la visite que les hommes font aux dames. [...]
[...] Entre les tierces [la troisième paire de] tours étaient les butes pour l'arquebuse, l'arc et l'arbalète ; les offices [communs, dépendances] hors [à l'extérieur de] la tour Hespérie [Occidentale], à simple [un seul] étage ; l'écurie au-delà des offices [communs, dépendances] ; la fauconnerie au-devant d'icelles, gouvernées par [des] asturciers [autoursiers] bien experts en l'art, et était annuellement fournie par les Candiens [Crétois], Vénitiens et Sarmates de toutes sortes d'oiseaux paragons [modèles, les meilleurs de leur espèce] : aigles, gerfaux, autours, sacres, laniers, faucons, éperviers, émerillons et autres, tant bien faits [dressés] et domestiqués que, partant du château pour s'ébattre [voler] ès champs, [ils] prenaient tout ce que [ils] rencontraient. La vénerie [le chenil] était un peu plus loin tirant [en allant] vers le parc. Toutes les salles, chambres et cabinets, étaient tapissés en diverses sortes, selon les saisons de l'année. [...]
[...] Gargantua, chapitre 55 - François Rabelais (1534) Le merveilleux imprègne-t-il l'utopie ? GARGANTUA, CHAPITRE LE MANOIR DES THÉLÉMITES, EXPLICATION DE TEXTE LINÉAIRE On sait que la fameuse abbaye de Thélème est offerte à Frère Jean comme récompense pour son aide lors de la guerre picrocholine. Au chapitre 53, le bâtiment a été décrit. Au chapitre 54 est reproduite l'inscription de la grande porte, qui interdit aux « hypocrites, bigots . », et autres fâcheux d'entrer. Le chapitre 55 poursuit la description du chapitre 53, mais sans se limiter au seul bâtiment, présenté comme luxueux. [...]
[...] I ~ LA FONTAINE MYTHOLOGIQUE DE LA COUR INTÉRIEURE Au milieu de la basse cour [cour intérieure] était une fontaine magnifique de bel albâtre ; au-dessus [de la vasque] les trois Grâces, avec cornes d'abondance, et [elles] jetaient l'eau par les mamelles, bouches, oreilles, yeux, et autres ouvertures du corps. La description commence par l'extérieur. Le verbe « être », avec sa valeur d'existence « il y a », comme en latin), trouve, en ce début de phrase, sa première occurrence. On le retrouve, dans le même emploi, au début des paragraphes 4 - « était le beau jardin » - et 5 - « étaient les butes »). [...]
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