La situation du moine est d'autant plus cocasse que la première phrase du chapitre pouvait faire attendre un récit sérieux, narré sur un mode épique :
Rappelons la première phrase : "Or s'en vont les nobles champions à leur aventure".
Il s'agit là d'une formule typique des romans de chevalerie médiévaux... Rabelais s'amuse manifestement beaucoup avec les poncifs de ce type de roman, il détourne les modèles pour en tirer notamment des effets burlesques qui surprennent le lecteur et l'amusent (...)
[...] Cet extrait contient présente donc une pique, une critique religieuse là où ne l'attendrait absolument pas : la critique est glissée en passant . Ces propos satiriques font écho aux propos de table échangés dans chapitres précédents, à propos de l'utilité ou plutôt de l'inutilité sociale notamment des moines ; seul Frère Jean avait été épargné de ces critiques Les personnages affichent un attachement singulier à Frère Jean, qui a certes des défauts typiques des moines, mais qui présente aussi de grandes qualités qui contrebalancent ses vices et le rendent très sympathique En tous cas, là encore, on peut penser que Gymnaste aurait mieux à faire, malgré sa bonne foi, que de réciter ou d'inventer des vers ! [...]
[...] Sa monture s'enfuit et notre moine se retrouve donc dans une situation pour le moins grotesque, dans l'épisode grave qu'est pourtant la guerre picrocholine. Frère Jean est donc un homme d'action incapable d'agir ici ! C'est là que notre extrait commence. Plan : On peut identifier 3 mouvements : - I : La comparaison de Frère Jean avec Absalon (c'est-à-dire le dialogue d'Eudemon et Gargantua, suivi de la première intervention du moine qui réclame de l'aide) - II : la promesse d'aide de Gymnaste, suivie de la deuxième intervention du moine - III : le moine est délivré : les héros poursuivent leur périple. [...]
[...] - Le lecteur peut donc être amusé du fait que Gargantua, dans cette situation urgente, s'attarde à d'aussi menus détails ! - le comique nait bien ici d'une contradiction flagrante entre nos 3 personnages situation urgente de FJ ; calme des deux autres, qui trouvent le temps de raisonner sur ce qui n'en vaut pas trop la peine dans un tel cas de figure C'est bien une petite scène de comédie, voire de farce Outré par une telle attitude, Frère Jean intervient donc et les interpelle, à grand renfort de jurons, comme d'habitude ! [...]
[...] Il jurait que son froc ferait des merveilles. Il y a donc un puissant comique de contraste, ainsi qu'un évident comique de situation, presque dans la veine de la farce : c'est l'arroseur arrosé ! Face à cette situation grotesque pour un héros, la réaction des deux personnages Eudemon et Gargantua semble tout à fait inadéquate et fait elle aussi sourire le lecteur. Eudemon, au lieu de porter directement secours à Frère Jean, temporise et se contente dans un premier temps d'appeler Gargantua, et l'invite presque à assister à un spectacle. [...]
[...] Sire, venez et voyez Absalon pendu Eudemon compare Frère Jean à Absalon, dont la fin fut tragique. - Il faut rappeler qu'Absalon est resté pendu par les cheveux à un chêne, tandis que sa monture, un mulet en l'occurrence, poursuivait son chemin ; ce personnage a d'ailleurs subi une fin tragique, puisque Joab (un général de David) a profité de l'occasion pour le tuer. - En faisant cette référence, Eudemon a donc sans doute bien conscience que Frère Jean, dans une telle position, est particulièrement vulnérable et est donc potentiellement en danger. [...]
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