Gargantua, Rabelais, moines, Religion, satire, chrétienté, animalisation, scatologie, paresse, Plutarque, Érasme, critique de la religion
Après avoir vu Frère Jean en action, le lecteur, étonné, assiste à une conversation sur les moines, entre Eudémon, Gargantua, Grandgousier, Gymnaste, Ponocratès et Frère Jean. Ce sont des « propos de table » : le style direct fait entendre les échanges verbaux des personnages. On parle comme dans Le Banquet de Platon, mais il ne s'agit pas de philosophie. La réflexion porte précisément sur le rapport qu'entretiennent les moines avec le reste de la société.
[...] On parle comme dans Le Banquet de Platon, mais il ne s'agit pas de philosophie. La réflexion porte précisément sur le rapport qu'entretiennent les moines avec le reste de la société. Rabelais connaît bien le sujet : il a été franciscain à Fontenay-le-Comte, au couvent de Puy-Saint-Martin, de 1520 à 1524. Avide de culture, il a été déçu par cette assemblée d'« ignorantins ». Au chapitre 39, de façon révélatrice, il fait dire à Frère Jean : « Notre feu abbé disait que c'est chose monstrueuse de voir un moine savant ». [...]
[...] » 8 Ce qu'il fait est tout conchier et dégâter [saccager], qui est la cause pourquoi de tous reçoit moqueries et bastonnades. Une fois encore, Rabelais ajoute de la scatologie. 9Semblablement un moine (j'entends de ces ocieux [oisifs] moines) ne laboure comme le paysan, ne garde le pays, comme l'homme de guerre, ne guérit les malades comme le médecin, ne prêche ni n'endoctrine [n'instruit] le monde, comme le bon docteur évangelique et pédagogue, ne porte [transporte pas] les commoditez [biens de consommation] et [les] choses nécessaires à la république [société], comme le marchand. [...]
[...] 10 C'est la cause pourquoi de tous [ils] sont hués et abhorrés. Les deux verbes font écho aux deux substantifs « moqueries et bastonnades » Le rejet, à nouveau, est unanime (« de tous »). 11 -Voire [peut-être] mais (dit Grandgousier) ils prient Dieu pour nous. L'objection de Grandgousier, qui est un homme de la génération d'avant les idées nouvelles, protestantes et évangéliques, renvoie à la vie contemplative. La fonction des moines est la prière -Rien moins (répondit Gargantua) Vrai est qu'ils molestent [assomment] tout leur voisinage à force de trinqueballer [brimballer] leurs cloches. [...]
[...] L'étonnement d'eudémon : l'exclusion des moines 1 Foi de chrétien (dit Eudémon) j'entre en grande rêverie [pensée], considérant l'honnêteté [la valeur] de ce moine. 2 Car il nous ébaudit [réjouit] ici tous. L'exclamation d'Eudémon traduit son admiration et sa surprise, partagée par ses compagnons, qui connaissent ses exploits et ont entendu ses propos. À la fin du chapitre précédent, il a juré, au grand étonnement de Ponocrates : « Comment, dit Ponocrates, vous jurez, Frère Jean ? - Ce n'est (dit le moine) que pour orner mon langage. [...]
[...] La phrase se termine avec un reproche fait aux moines réguliers : reclus, ils ne participent en rien à la vie de la cité. 6 Mais, si entendez [vous comprenez] pourquoi un singe en une famille est toujours moqué et harcelé, vous entendrez [comprendrez] pourquoi les moines sont de tous refuis, et des vieux et des jeunes. Une première comparaison animalière, dépréciative, suscite à son tour le rire. En assimilant les moines à des singes, Rabelais utilise encore le burlesque. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture