Gargantua, Rabelais, Frère Jean, Dieu, moquerie, explication de texte, Moyen-âge, enseignement, Église
Après la démolition du château du Gué de Vède, après l'épisode des pèlerins mangés en salade, de joyeux propos sont échangés alors qu'on festoie. La conversation roule sur les moines et Frère Jean, qui en est un, n'est pas le dernier à en parler.
Le titre du chapitre 40 indique sa composition en deux parties. La première donne la raison pour laquelle « les moines sont refuis [fuis] du monde », il s'agit de leur fonction de confesseurs (de « mange-merde ») et de leur paresse. La seconde explique « pourquoi les uns ont le nez plus grand que les autres ». La question peut sembler saugrenue. Mais Rabelais a déjà parlé du nez de Frère Jean, au chapitre 27 lors de la prosopographie du moine. La physiognomonie, qui fait correspondre des qualités morales à des traits physiques, est alors utilisée sérieusement : « le nez long et haut par nature signifie être hardi ».
[...] 11~Trut avant [hue-là] (dit le moine). En utilisant une interjection réservée pour faire avancer les animaux, Frère Jean révèle qu'il n'est guère délicat. 12 Selon vraie philosophie monastique, c'est parce que ma nourrice avait les tétins mollets : en la laitant [tétant], mon nez y enfondrait [enfonçait] comme en beurre, et là s'élevait et croissait comme la pâte dedans la maie [le pétrin] Les durs tétins des nourrices font les enfants camus. L'adjectif « vraie » est à prendre de façon antiphrastique, car c'est une invention facétieuse que va donner le moine, elle n'appartient pas à la « philosophie monastique ». [...]
[...] Pourquoi (dit Gargantua) est-ce que Frère Jean a si beau nez ? La question posée par Gargantua (qui reprend le « Quare ? » de la phrase est celle de la cause formelle, pour reprendre la terminologie d'Aristote. Mais elle ne porte pas sur un sujet philosophique. Parce (répondit Grandgousier) que ainsi Dieu l'a voulu, lequel nous fait en telle forme et telle fin, selon son divin arbitre, que fait un potier [modèle] ses vaisseaux [vases]. À la question du fils, le père apporte une réponse (qui correspond au « quia » de la phrase théologique. [...]
[...] Le récit fait la démonstration qu'un grand nez indique bien un tempérament courageux et une virilité affirmée. D'une part, Frère Jean utilise le bâton de la croix pour se battre, d'autre part il se montre volontiers prêt à faire usage de son « vers-toi je me lève ». La physiognomonie n'est donc pas l'objet de moquerie. En revanche, Rabelais donne dans la satire grâce au latin, celui de l'enseignement sclérosé du Moyen Âge et celui de l'Église, détourné dans un sens profane, donc légèrement sacrilège, par un moine qui, on le voit, n'est pas très catholique. [...]
[...] I ~ ~ Le nez et le vin. 1 Gymnaste lui dit : « Frère Jean, ôtez cette roupie [saleté] qui vous pend au nez. Gymnaste est un personnage secondaire, l'écuyer de Gargantua, apparaît une première fois, rapidement, au chapitre 18, quand Janotus de Bragmardo demande la restitution des cloches : « Gargantua admonesté [averti] du cas appela à part [ . ] Gymnaste son écuyer [ . ] ». Des précisions supplémentaires sont données à son sujet quand le prince reçoit, enfin, une bonne éducation, sous la férule de Ponocratès (chap. [...]
[...] Le titre du chapitre 40 indique sa composition en deux parties. La première donne la raison pour laquelle « les moines sont refuis [fuis] du monde », il s'agit de leur fonction de confesseurs (de « mange-merde ») et de leur paresse. La seconde explique « pourquoi les uns ont le nez plus grand que les autres ». La question peut sembler ‡saugrenue. Mais Rabelais a déjà parlé du nez de Frère Jean, au chapitre 27 lors de la prosopographie du moine. [...]
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