Gargantua, Rabelais, Ponocrates, Épicure, humanisme, plaisir, culture antique, enseignement, savoir
Le repos étant le but de l'escapade mensuelle de Gargantua accompagné de Ponocrates, on pourrait penser qu'une certaine inaction remplacerait la très grande activité des autres jours. Ce n'est pas exactement le cas. Avec le changement de précepteur, le tempérament flegmatique du jeune prince a été contrarié. En allant une fois par mois à la campagne apparaît une récréation qui est un nouveau programme. S'il diffère de celui des jours non pluvieux et pluvieux par une gestion différente du temps, il le complète harmonieusement pour la bonne formation de l'élève.
L'enseignement humaniste et les passe-temps qui lui sont associés trouvent leur couronnement. L'humanisme est toujours à l'oeuvre et le plaisir y est porté à son degré le plus haut.
[...] La filtration de l'eau ne correspond pas seulement à une expérience de physique qui illustre le savoir des Anciens. Il s'agit de boire du vin pur, comme le font les « bien ivres » (chapitre V). Les petits oiseaux y étaient déjà évoqués, mais dans une comparaison : « Les passereaux ne mangent sinon qu'on leur tape les queues : je ne bois sinon qu'on me flatte. » Il y était déjà question aussi d'« embut » : « Où est mon entonnoir ? » Il s'agit certes là d'un jeu de mots sur « entonner » et sur « mettre en tonneau », mais on peut penser aussi qu'avec cette question, le buveur tient à vérifier la qualité du divin breuvage. [...]
[...] Ce rythme ternaire, en lui-même significatif se double d'un choix d'adjectifs dont le nombre croissant de syllabes est évocateur : « doux », une syllabe, « léger », deux syllabes, « délectable », trois syllabes. Ce plaisir est suggéré par l'énumération des neuf participes présents, dont les terminaisons en nasales produisent une assonance qui suggère la douceur. Les plus représentatifs de ce bonheur sont : « plaisantant », « se réjouissants {gaudissans} », « chantant ». Une franche gaieté règne dans ces moments où le rire se mêle à la musique (« chantant, dansant »). B. Des passe-temps de paysans Le plaisir associé aux exercices ordinaires se retrouve lors de ces excursions récréatives à la campagne. [...]
[...] Quant aux animaux aquatiques, les grenouilles et les écrevisses, on les trouve dans ces trois types de lieux. On passe ainsi le temps, en regardant la réalité directement et non dans les livres. On procède à l'extérieur comme on a procédé à l'intérieur : précédemment, en effet, on a observé « la vertu, propriété efficace et nature de tout ce qui [?] était servi à table : du pain, du vin, de l'eau, du sel, des viandes, poissons, fruits, herbes, racines [?] » (chapitre 23). [...]
[...] Il s'agit d'Ange Politien (XVe s.) que Rabelais connaît fort bien. En effet, en 1533, il le publie à Lyon, chez Sébastien Gryphe. Dans le Prologue de Gargantua, il mentionne ce professeur de rhétorique et de poétique au collège universitaire de Florence, comme plagiaire des écrivains antiques5. Le Rusticus6 ici cité est une « silve7» que Politien lisait pour introduire aux ?uvres de Virgile et d'Hésiode. Ces trois ?uvres ont donc en commun l'éloge de la vie rustique. La récitation de ces vers au milieu des champs constitue donc une sorte de confrontation de la théorie et de la pratique. [...]
[...] Ils sont indispensables pour trouver un équilibre entre l'esprit et le corps : la « véhémente tension » des études prend ainsi fin. Le risque était en effet de voir le cerveau envahi par les « esprits animaux », ces vapeurs subtiles qu'il ne faut pas laisser arriver en trop grand nombre. Il faut savoir se transformer une fois par mois en paysan pour rester un bon élève. C. Nourriture et vin La fête du corps serait toutefois incomplète si la nourriture et la boisson étaient absents. [...]
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