Gargantua, avis aux lecteurs, Pantagruel, François Rabelais, dizain, décasyllabes, philosophie de vie, rire, modalisateur
L'avis aux lecteurs est le premier texte que nous pouvons lire en ouvrant Gargantua.
Il s'agit ici d'un dizain en décasyllabes avec des rimes croisées et plates, souvent riches. Malgré la brièveté de ce texte, nous y découvrons aussitôt le caractère insolite de la langue et la philosophie de vie de Rabelais. Celui-ci fait une série de demandes à ses lecteurs tout en lui transmettant sa vision du monde.
En effet, ce dizain semble structuré en trois mouvements distincts
[...] Il nous ancre dans une réalité de ‘l'ici et maintenant'. - v.6 : on passe du présent au futur (« apprendrez ») : Rabelais projette le lecteur vers l'avenir, le moment où il aura terminé de lire ce livre, pour mieux le prévenir de son intention : son but n'est pas de nous faire découvrir de multiples et diverses perfections (mot qui serait certainement à entendre dans le sens de « savoirs »), mais de nous conditionner à celle du rire. [...]
[...] 3e mouvement : un livre thérapeutique. 7 et 8 = raison d'ordre affectif : il est incapable de choisir un sujet qui ne viendrait pas en aide à des gens malades d'affliction (ordonnance) puis raison d'ordre esthétique 9 ) - v.8 : utilisation du participe présent « Voyant » : constat selon lequel les hommes sont malheureux, ce qui est contre-nature pour Rabelais. Rabelais justifie sa création littéraire. Il choisit ce sujet à cause du chagrin du lecteur, qui le « mine» et « consume ». [...]
[...] • v.9-10 : expression célèbre « Le rire est le propre de l'homme » : en employant cette phrase à valeur de vérité générale, Rabelais nous convainc qu'il écrit pour l'homme et traite donc de ce qui est spécifique à l'homme : le rire. C'est la définition du pantagruélisme. En conclusion, l'homme, selon Rabelais, a autant le droit de rire que de penser. Pour Rabelais, le rire n'appartient pas à des moments exceptionnels de la vie : il est la vie elle-même. [...]
[...] - Verbe à l'impératif « Despouillez vous de toute affection »[connotation légèrement religieuse de ce verbe « dépouillez]. Affection = passion humaine Le lecteur doit faire le vide de toutes ses passions (colère, chagrin, etc.). Cela le rendra impartial et réceptif à ce qu'il va lire. • « Et le lisant ne vous scandalisez » : scandaliser [c'est le skandalon grec = la pierre d'achoppement qui rappelle à la foi] • • au sens de « se détourner du chemin ». Il ne faut rien interpréter à mal. [...]
[...] Celui-ci fait une série de demandes à ses lecteurs tout en lui transmettant sa vision du monde. En effet, ce dizain semble structuré en trois mouvements distincts : 1er mouvement : de « Amis lecteurs » à « infection » : volonté de rassurer le lecteur sur le contenu de ce livre. 2e mouvement : de « Vray est » à « élire » : affirmation de sa volonté de traiter le thème du rire dans Gargantua. 3e mouvement : de « Voyant le deuil » à « le propre de l'homme » : argument en faveur de sa thèse : Rabelais a écrit ce livre pour que les hommes cessent d'être malheureux, car notre condition d'être humain est au contraire, selon lui, d'être joyeux (« rire est le propre de l'homme »). [...]
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