Rabelais, écrivain du XVIe siècle, est un fervent chrétien qui s'attache à défendre la paix et la tolérance. Dans son roman, Gargantua, le géant éponyme est décrit comme un bon vivant, parfois grossier, mais pas mauvais. Grandgousier, père du héros et roi de sa contrée, est représenté sous des traits similaires à ceux de son fils. Il s'oppose par son tempérament et ses décisions au roi Picrochole qui mène son armée bataille sur bataille. Picrochole semble être le contre-exemple des valeurs prônées par Rabelais. Cet extrait le représente en pleine attaque des terres de Grandgousier qui, lui, passe un moment en famille.
[...] On peut en effet lire dans ces impératifs une sorte de fatigue ou d'incompréhension vis-àvis de Picrochole. En utilisant la première personne du pluriel, le narrateur inclut le lecteur dans ses avis : obligé par la narration, ce dernier se range du côté du conteur. Celui-ci semble bien préférer la famille de géant aux hommes de Picrochole. Ainsi, l'affection du narrateur pour son personnage principal se lit ligne 13 lorsqu'il l'appelle « notre bon Gargantua », toujours en faisant partager au lecteur les sentiments qui sont les siens. [...]
[...] Cet épisode montre bien que Grandgousier est proche de son peuple puisque ce simple berger n'hésite pas à remplir un rôle de messager. Le berger « [raconte] » (l. 24) les évènements qui sont relatés au discours indirect et Grandgousier, à l'écoute, attend la fin des détails donnés pour intervenir. Le berger fait donc part à son roi des « excès et pillages » (l. 24) de Picrochole. Ce qu'on suppose être son discours est ponctué de nombreuses propositions, mots de liaison et d'énumérations : « que faisait » (l. [...]
[...] Cette simplicité le rapproche du lecteur qui sent une forme de pacifisme qui contraste avec le roi belliqueux dont il a eu précédemment la description. Le lecteur ne peut dès lors que se ranger au côté du narrateur : la famille de géant est représentée comme bien plus sympathique que Picrochole et son armée. L'un des seuls adjectifs a être répété dans ce paragraphe est « bon », « beau », qui montre encore ce parti pris du narrateur. Ils participent de l'extension de la phrase tout comme l'énumération des activités de Grandgousier. [...]
[...] Ecrites à l'imparfait, temps de la description, elles contrastent avec les passés simples qui suivent. Le « moine [s'escarmouche] » (l. tente de défendre le château tant qu'il peut. La polysémie du mot est intéressante à exploiter : on ne sait vraiment si le moine lutte au sens propre, combat brièvement ou s'il ne cherche pas la défense par les mots. Le caractère pacifique du terme, tout comme l'imparfait qui semble prolonger l'action, traduit une certaine sérénité du personnage qui parvient à garder son sang-froid malgré les événements hostiles. [...]
[...] 33-34) traduisent l'amitié d'exception que lui portait Grandgousier. La répétition « de tout [ . de toute » peut relever d'un ton plaintif, de même que les interrogations et les « holos » et les « ho, ho » qu'il ne semble pas parvenir à contenir. L'extrait s'achève sur une demande de conseil à Dieu ce qui montre son humilité malgré son titre de souverain. Grandgousier se pose donc en roi pacifique et humain qui privilégie la parole et la proximité avec ses sujets aux attaques irraisonnées. [...]
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