L'œuvre de François Rabelais a toujours été au centre des discussions littéraires. Aujourd'hui encore Rabelais reste l'un des auteurs les plus commentés, par la critique universitaire.
Jusqu'en 1960, les études rabelaisiennes sont érudites et historiques, elles insistent surtout sur le réalisme de Rabelais.
C'est dans cet esprit que Gustave Lanson écrit, en 1894 dans son Histoire de la littérature française : « par son impartiale représentation de la vie, dont nul étroitesse de doctrine, nul scrupule de goût, nul parti pris d'art, ne l'empêche de fixer les inégaux aspects, il est et demeure la source de tout réalisme. »
Nous pourrons alors nous demander si cette citation s'applique à l'œuvre de Rabelais: Gargantua. Autrement dit peut-on dire que ce roman est réaliste?
Nous pourrons répondre à cette question en nous attachant d'abord à étudier les aspects réalistes du roman.
Puis, nous pourrons reporter notre attention sur les thèmes du gigantisme et du merveilleux dans l'œuvre rabelaisienne.
Enfin, nous étudierons le motif des « silènes » dans Gargantua; ainsi nous verrons comment grâce à l'emploi du réalisme et du merveilleux Rabelais réussit à délivrer un message évangélique et humaniste.
[...] Cette culture se présente sous deux aspects, celui des récits folkloriques et de la littérature populaire contenue dans les livrets de colportage (petits ouvrages vendus dans les foires tels que les almanachs ou les chroniques). Les récits folkloriques relèvent d'une tradition orale. Ils reposent sur l'ensemble des mythes et des traditions d'un pays ou d'une région, que l'on se raconte de génération en génération. Le personnage même de Gargantua, dont le nom est construit sur la racine garg-, qui évoque la gorge, est issu de cette culture populaire. L'utilisation de la verve populaire va donc ancrer le roman dans la réalité du XVI° siècle (p. [...]
[...] Il faut donc nuancer les propos de Lanson et rappeler que Gargantua est, avant tout une œuvre de dénonciation. Nous pourrions même nous demander si la valeur de cette œuvre se retrouve uniquement dans la dénonciation. Autrement dit, est-ce que Gargantua ne serait pas seulement un roman critique ? Bibliographie Mikhaïl Bakhtine., l'œuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Age et sous la renaissance. Gallimard Lucien Febvre., le problème de l'incroyance au XVIème siècle ou la religion de Rabelais Pillard G.E., Le Vrai Gargantua. [...]
[...] Il y a donc contrairement à ce que dit Lanson un parti pris d'art chez Rabelais. Nous retrouvons cette présence d'un parti pris d'art dans le roman grâce à l'emploi de plusieurs genres littéraire tel que, la poésie dans le passage des fanfreluches antidotees (chapitre et l'épistolaire avec la lettre de Grandgousier à Gargantua (chapitre 27). Rabelais se fait donc partisan d'une grande variété verbale. Deuxièmement, nous devons signaler que si Rabelais s'appuie sur des lieux, des faits, et des termes réalistes ce n'est qu'au profit du comique. [...]
[...] Il faut donc parfois interpréter le vrai avec sérieux sous les mensonges de la fiction Le réalisme rabelaisien est relatif, il est mêlé au folklore et au merveilleux. Ce mélange révélant la virtuosité littéraire de Rabelais. Cependant nous devons à présent nous intéresser à la signification de cet assemblage curieux. Dans quels buts précis Rabelais opère t-il ce mélange des genres ? Dès le début du roman nous nous apercevons qu'il est impossible de réduire l'œuvre de Rabelais au réalisme ou au grotesque. En effet Rabelais nous propose dans le prologue une double lecture de Gargantua grâce au motif des silènes (p. [...]
[...] Lors congnoistrez que la drogue dedans contenue est bien d'aultre valeur, que ne promettoit la boite. C'est à dire que les matieres icy traictées ne sont tant folastres, comme le tiltre au dessus pretendoit (p.50) «Car en icelle bien aultre goust trouverez, & doctrine plus absconce que vous revelera de tresaultz sacremens & mystères horrificques, tant en ce que concerne nostre religion, que aussi l'estat politicq & vie oeconomicque En ce sens nous ne pouvons pas dire que Rabelais occulte toute forme de doctrine dans son œuvre. [...]
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