Commentaire composé sur la chanson Les vieux de Jacques Brel.
[...] Ce texte s'inscrit dans une longue tradition qui fait de la chanson un domaine artistique authentique, qu'elle soit d'origine savante ou populaire. Parmi les troubadours des temps modernes, la postérité retiendra sans doute les noms de Juliette Gréco, Georges Brassens, Léo Ferré et de tous les chanteurs, qui, à partir des années cinquante, ont su s'éloigner des productions vulgaires et standardisées pour redonner du lustre à la chanson française. Cette chanson est noble, on peut la considérer comme un poème. Le thème de la fuite du temps fait partie des hantises de Brel : pour lui l'âge d'or est l'enfance. [...]
[...] Une gradation se fait voir. Gradation tragique Leur solitude est progressive et entraîne la dégradation : ils n'ont qu'un cœur pour deux signe d'un rétrécissement. Ils voient mourir les autres et vont suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux l'enterrement d'une plus laide (v.14) En partenariat avec www.bacfrancais.com La rupture du couple est complète dans la troisième strophe : ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant Le champ lexical de la tristesse des vieillards est développé à travers les mots et expressions suivants : leur voix se lézarde trop pleuré larmes plus chanter (v.10), un sanglot (v.15), en pluie et en chagrin (v.21) La monotonie est connotée par le rythme ternaire de chacun des vers l'emploi de rimes suivies ou plates, la présence du refrain à la fin de chaque strophe la pendule d'argent/ Qui ronronne au salon qui dit oui qui dit non La répétition des formules négatives accentue la tristesse et le manque : ne se parlent plus n'ont plus d'illusions ne rêvent plus ne meurent pas Les vieux se ressemblent tous, la chanson insiste sur l'uniformisation de la vieillesse : Mêmes riches ils sont pauvres Que l'on vive à Paris on vit tous en province l'enterrement d'un plus vieux l'enterrement d'une plus laide (parallélisme du vers 14). [...]
[...] Cette immobilité entraine le rétrécissement de leur horizon de vie qui se limite à leur maison ou à leur appartement. Ils ne sortent presque plus, sauf à l'occasion d'un enterrement (vers 14). Les vieux connaissent un emprisonnement à la fois physique et moral : ils n'ont plus d'illusions Les vieux ne rêvent plus le muscat du dimanche ne les fait plus chanter (v.10). Toutes ces expressions révèlent à quel point leur vie est devenue morne, terne. Les thèmes s'entrelacent et on débouche dans la 3ème strophe sur une mise à l'écart. [...]
[...] A travers l'évocation des Vieux il brosse un portrait à la fois réaliste, effrayant et émouvant de la vieillesse. Ce poème stimule notre compassion grâce au registre pathétique qu'il met en œuvre. Jacques Brel cherche à éveiller en nous la compassion tout en mêlant à son texte des touches de tendresse (les vieux se tiennent par la main, sont nostalgiques du passé). Brel est conscient que la vieillesse et la mort le guettent, il en a peur comme le rappelle la présence obsédante de l'horloge, symbole du temps qui passe inéluctablement. [...]
[...] Le pronom personnel on a une valeur générale, universelle. Au vers 21, Brel apostrophe directement le public : Vous le verrez peutêtre vous le verrez parfois en pluie et en chagrin L'emploi du pronom personnel vous permet de toucher le lecteur, de l'interpeler. En partenariat avec www.bacfrancais.com Le symbole de l'horloge Le temps qui passe est représenté, matérialisé par la présence obsédante de l'horloge. Elle est personnifiée : elle ronronne au salon elle qdit oui ou dit non et puis elle les attend (vers16). [...]
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