Frontalier, Jean Portante, identité culturelle, désindustrialisation, migration, frontière, violence, région frontalière, humanité, frontière géographique, frontière symbolique
Frontalier de Jean Portante est un monologue qui se déroule dans la tête d'un frontalier imaginaire qui traverse quotidiennement la frontière entre la Lorraine et le Luxembourg. Au cours de son trajet, il est pris dans un embouteillage et commence à rêver. Les voitures en file lui rappellent des processions. Terme utilisé de manière métaphorique pour décrire le mouvement des voitures sur l'autoroute. Le terme processions revient plusieurs fois dans le récit pour décrire les migrations entre des régions frontalières. Le récit mêle les souvenirs de Jean Portante liés à son père, à la migration et aux frontières en général. Nous tenterons ici d'interpréter au mieux le récit de Jean Portante qui semble être un cri violent contre la douleur infligée par les frontières qui existent partout dans le monde et la violence qu'elles infligent à ceux qui les traversent ou les enjambent. À travers ce texte, l'auteur explore selon moi quatre thèmes essentiels : la notion de « frontière » à la fois physique et symbolique, la migration, élément central du récit, qui remettent en cause les notions d'appartenance et d'identité.
[...] Ainsi nous tenterons de répondre à cette question : Comment le texte « Frontalier » de Jean Portante explore-t-il la complexité des thèmes de la frontière, de la migration, de l'identité culturelle et de la désindustrialisation ? Notre analyse se structurera autour de ces quatre thèmes : une première partie sera donc dédiée à la frontière, à la définition qu'en fait l'auteur et à ses représentations, la seconde partie analysera la migration : ses motifs, ses impacts ; une troisième partie permettra d'explorer l'identité culturelle des migrants frontaliers et enfin, nous regarderons de plus près, la désindustrialisation, trame de fond silencieuse mais qui s'exprime avec force véhémente dans le texte. [...]
[...] Le concept de frontière dans le texte Jean Portante évoque la frontière à travers l'expérience personnelle marquante de sa famille. Il décrit comment son père en quête de travail envisage de traverser la frontière française pour s'installer dans le bassin minier lorrain. Cette frontière est à la fois géographique et symbolique. Ainsi, Jean Portante met en évidence comment une possibilité de travail à Differdange, au Luxembourg, a changé sa trajectoire familiale et ses impacts sur son histoire familiale. Tout d'abord, au premier abord, on pourrait penser que Jean Portante montre à quel point la frontière est une chose géographiquement presque invisible, il dit dans son texte qu'elle « est là, sans être là ». [...]
[...] Le narrateur évoque comment les récits de migration sont transmis de génération en génération au sein de la famille. Il mentionne ce que le père de son propre père a vécu, soulignant ainsi la continuité de l'expérience migratoire à travers les générations. La migration est marquée par le fait d'être enivrée par une nostalgie qui hante chacun des membres d'une famille : « J'ai comme Enée la nostalgie de l'ailleurs / de ce qui se trouve de l'autre côté / d'une vie de l'autre côté qui aurait pu être la mienne mais non ». [...]
[...] L'auteur s'étend dans son récit sur de longues descriptions de paysages traversés par le père. Ces paysages semblent assez calmes comme par opposition à la procession des frontaliers sur la route, ou ce serpent d'automobiles que décrit le narrateur. Le récit donne de nombreuses descriptions de cette industrie métallifères : « fabriquer de l'acier a-t-il dit / accrocher ou décrocher des wagons / ou lancer des pelletées de charbon dans les chaudières brûlantes des hauts fourneaux / tout un avenir qui remplissait les assiettes / mais le hasard a voulu qu'il soit embauché de ce côté-ci / vers où rampe le serpent aujourd'hui ». [...]
[...] Mais c'est aussi ce slash, cette frontière qui peut nous interrompre, nous forcer à nous questionner à penser à réaliser l'effort réalisé de migrer entre deux pensées ou territoires différents. Ainsi, bien que la frontière soit invisible, son caractère est marqué et présent tout au long du texte avec cette présence des slashs. Par ailleurs la frontière est une symbolique d 'une guerre à affronter. En effet, dans l'une de ses interviews, Jean Portante dira que dans le mot « frontalier », déjà il y a le mot front. [...]
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