Le texte, consacré à la description de l'évolution d'un paysage : "au dehors" nous permettant de situer l'espace, nous fait pénétrer dans un univers campagnard comme l'évoque les foins, les blés, la vigne ou encore les oiseaux qui peuplent la nature. Cette description est picturale captant tout d'abord le milieu de façon totale. Ainsi, Dominique se rappelle ce qui constitua pendant des années l'horizon de son enfance. Il fait ressortir les particularités de chaque saison au cours d'une année : il saisit, dans un premier temps, les cultures des lieux. Il se fixe sur des détails, à la manière d'un peintre en ayant recours à la couleur pour qualifier ce qu'il voit : "les blés étaient verts", "les sainfoins se teignaient d'amarante" (...)
[...] Le récit commence lorsque que Dominique est encore enfant : il revient sur son bonheur aux Trembles, domaine en campagne. Évoquant le paysage qui a marqué sa jeunesse et dans lequel, adulte, il a fini par revenir à la suite de son échec amoureux, cette réminiscence est pour lui l'occasion de replonger dans le bonheur passé. Nous nous demanderons dans quelle mesure la description est au service d'un portrait du moi. Tout d'abord nous verrons que cette description prend l'apparence d'un tableau, singularité de l'écriture d'Eugène Fromentin. [...]
[...] Ainsi, cette description réalisée comme un triptyque et agissant comme un révélateur du temps qui passe est l'occasion pour Dominique de saisir son passé. Par une écriture qui préfigure la réminiscence proustienne, Eugène Fromentin, pour revenir aux souvenirs, débute par des sons, bruits et impressions. Cette description rappelle celle de la chambre à coucher de Combray, les lectures du narrateur de La Recherche au soleil, le jardin aux nymphéas et bien d'autres moments de Du côté de chez Swann. Le moi est exacerbé, la description est en écho à celui-ci, effectuant au delà du saisissement de la réalité, un portrait. [...]
[...] La description rappelle les tableaux de l'école de Barbizon, et notamment ceux de Millet comme L'Angelus ou Les Glaneuses. En effet, il donne une place dans sa description à la présence humaine par l'évocation du travail des hommes dans les champs : j'étais là quand on fauchait là quand on relevait les fourrages ( . ) Le printemps laisse place à l'été, Dominique continu de décrire ce qui marque les saisons, recourant aux adjectifs qualificatifs : les vents violents alternant avec les calmes plats ou à des comparaisons : des nuits belles comme des aurores Enfin, malgré le vide apparent de l'hiver, Dominique perçoit toujours un monde. [...]
[...] La fin montre une volonté de capturer ce temps comme l'exprime les verbes employés : j'amassais je condensais je concentrais je forçais à ne plus jamais s'échapper ce monde Dominique veut avoir de l'emprise sur ce temps qui lui sert à vivre tout au long de l'année. Il veut enfermer ce monde ailé, subtil, de visions, d'odeurs, de bruits et d'images dans son esprit et les y fixer à jamais. Par ce souvenir du paysage des Trembles, Dominique se rappelle son enfance et effectue un retour rétrospectif sur lui-même. [...]
[...] Cette description qui se présente comme un triptyque offre une image globale du mouvement du paysage et des êtres qui le peuplent. Vision dynamique, au cœur de laquelle le personnage est au centre, la description de cette espace infini et insaisissable est aussi l'occasion pour celui qui la réalise de se redécouvrir, de plonger dans le passé, à la recherche de lui-même. Ce retour rétrospectif fait suite à une confidence de Dominique à un personnage externe brièvement évoqué par le pronom vous dans la phrase vous connaissez l'automne dans nos pays, c'est la saison bénie La description est l'occasion de revenir sur un décor qui a marqué ses souvenirs d'enfance. [...]
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